La Diagonale du désir

Sinziana Ravini Stock, 366 pages, 20,50 €

Effronté et drôle, ce premier roman mêle libido et philosophie. Le roman s’ouvre sur un dialogue absurde et comique entre la narratrice et un psychanalyste :

“Je fais appel à vous car je voudrais amener le personnage principal de mon roman en analyse. – Imaginez-vous ce que cela donnerait si tous les écrivains amenaient leurs créations littéraires en analyse. On n’en finirait plus ! Qui est ce personnage ? – Elle s’appelle Madame X. C’est tout ce que je peux vous dire pour l’instant. Acceptez-vous de devenir mon psychanalyste fictif ?

– Fictif ? Je suis bien réel, moi…

– Je préfère voiler le réel. Ce n’est pas Oscar Wilde qui disait que ce sont les masques qui nous font dire la vérité ? – Je crois qu’on va s’arrêter là.”

Pour tourner la page d’une histoire d’amour malheureuse, l’héroïne fantasque du livre se réinvente en Madame X, sorte d’alter ego fictif, puis part en quête de son désir. De Paris à Istanbul, de New York à Venise, elle demande à des femmes de lui confier des tâches censées la révéler à elle-même. Elle est ainsi hypnotisée outre-Atlantique, participe à un “dîner noir” dans un hôtel d’Istanbul, performance artistique à connotation sado-maso inspirée par J. K. Huysmans, avec Catherine Robbe-Grillet en maîtresse de cérémonie.

Ces expériences la mèneront vers l’abîme, le danger et, peut-être, le désir renouvelé. Quête éroticomystique, La Diagonale du désir est un premier roman audacieux et réussi. Critique d’art, commissaire d’exposition et enseignante à la Sorbonne en esthétique, l’auteure puise dans l’art contemporain et la philosophie des références, allégories et mythes donnant sens aux (més)aventures de son corps.