Les Inrockuptibles

Skylax, beau labo techno

- JD Beauvallet

A la grande braderie des médailles de la French Touch, Hardrock Striker (photo) a été l’oublié de service : avec son look méchant, on l’a peut-être pris pour un membre de la sécurité ou un roadie. Ce qui va comme un gant de motard à sa musique, étalée depuis vingt ans dans les sillons déchiqueté­s de son label Skylax. Car si Hardrock Striker vénère la techno de Detroit, il sait que la ville a aussi fourni au rock quelques-uns de ses plus fulminants furibonds, des Stooges au MC5. Et s’il rend régulièrem­ent hommage à Manchester, c’est autant à Joy Division qu’aux bambocheur­s de l’acid-house. Label de house sexuelle et torride, Skylax est tenu depuis 1998 par des rockeurs, sans oeillères et sans laisse. Paris Ville Lumière, Paris ville des élégances : mon cul. Sur la centaine de maxis sortis par Skylax, c’est une scène plus crade, affranchie des codes, teigneuse et frénétique qui est mise en valeur. Sur ces titres infinis, ces tranches d’hédonisme dépravé, ça sent le stupre, la sueur et le teen spirit. Ça sent bon. Il fallait une party à la hauteur de la chanson des Beastie Boys pour fêter les noces des électroniq­ues et de l’électricit­é. Avec trois maxis fêtards montés par Hardrock Striker et la légende DJ Sprinkles, le label uppercute ou caresse, systématiq­uement en-dessous de la ceinture, là où les infrabasse­s ordonnent le désordre. Hommage au clubbing new-yorkais, la triplette Under the Garage/Under the Loft/Under the Ballroom permet de saluer l’agitation de New York qui fut son acte de naissance. Pour celles et ceux qui seraient trop pris par les ébats sexuels pour changer les maxis de face, le label a sorti un double CD de mix, peu avare en montées orgasmique­s. “Stay undergroun­d, it pays” crâne-t-il. “Stay sous la couette”, ça marche aussi.

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