Under the Tree de Hafsteinn Gunnar Sigurðsson
Avec Steinþór Hróar Steinþórsson, Edda Björgvinsdóttir, Sigurður Sigurjónsson (Isl., 2018, 1 h 28)
Une étude de moeurs qui, sous couvert de rires railleurs, fait preuve de conformisme mesquin. Suite à un adultère piteux – monsieur se fait gauler en regardant sa propre sex-tape avec une autre femme –, un couple se déchire, sur fond de guerre de voisinage, pour une histoire d’arbre à cheval entre deux jardins : voici les tendres prémices d’Under the Tree, troisième long métrage de l’Islandais Hafsteinn Gunnar Sigurðsson. S’il y a une chose qu’on ne reprochera pas à ce dernier, c’est son manque d’égalitarisme : ici, tout le monde est regardé avec le même cynisme, du fiston pathétique à son épouse cruelle, de la grand-mère abjecte à ses voisins glaciaux, tous parfaits archétypes de petits bourgeois nordiques – on notera toutefois une bassesse particulière des personnages féminins. Dans ce petit monde sans hauteur et sans couleur – délavage généralisé de l’image, pour bien appuyer la médiocrité et la tristesse de toute chose –, Sigurðsson orchestre mollement son jeu de massacre, dont on imagine qu’il pût être, dans quelque note d’intention, vendu comme métaphore hanekienne d’une Europe en dégénérescence. L’oeil torve, la caméra tantôt lâche tantôt hiératique, le cinéaste tente d’arracher quelques rires. Mais jamais des rires francs, éclatants, libérateurs ; non, de petits rires mesquins, sous cape. Misère de ce cinéma railleur qui, à l’instar de The Square de Ruben Ostlund, est en fait le plus conformiste qui soit.