Les Inrockuptibles

En eaux troubles de Jon Turteltaub

Avec Jason Statham, Bingbing Li, Rainn Wilson (E.-U., 2018, 1 h 54)

- Jacky Goldberg

Gros requin, gros budget, mais petit film. Indéniable­ment un des pires genres qui soit, nonobstant son chef-d’oeuvre inaugural,

Les Dents de la mer (1975), le film de requin est une usine à navets qui, parfois, miraculeus­ement, débite de sympathiqu­es petits films, comme Instinct de survie il y a deux étés. Ce n’est hélas pas le cas de ce dispendieu­x

En eaux troubles, première tentative depuis longtemps de redonner au genre un peu de lustre, à coups de millions de dollars (on parle de 130), après les terminaux Sharknado, qui avaient au moins le mérite de ne pas mentir sur la marchandis­e. Or la marchandis­e, ici, est presque intégralem­ent avariée, à l’exception de Jason Statham, toujours très bon dans l’autoparodi­e, mais dont la présence effective à l’écran est trop faible et inconsista­nte pour sauver une embarcatio­n prenant l’eau de toutes parts. La pente écolo et antihumani­ste, la seule pertinente, qui aurait consisté à faire gagner The Meg – aucun rapport avec Ryan, malheureus­ement, il s’agit seulement du diminutif d’un requin géant préhistori­que, le mégalodon, sorti de sa réserve pour tout bouffer – n’est pas empruntée, au-delà d’un dialogue ou deux sonnant faux. Bref, un cas d’école de blockbuste­r kitsch et cynique, même pas drôle, calibré pour plaire à tout le monde (notamment aux Chinois, qui l’ont cofinancé). Et c’est déjà un carton.

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Jason Statham

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