Les Inrockuptibles

Nouvelle Tête

Sur son premier ep, Black Boogie Neon, le Californie­n marie le disco-funk du Studio 54 et les harmonies solaires d’un Mac DeMarco.

- Carole Boinet

COMME TOUS LES COUPS DE COEUR, CELUI POUR COLA BOYY FUT IMMÉDIAT. Une seule écoute de

Have You Seen Her a suffi à nous emballer, un passage le 4 juillet en première partie de MGMT à la Philharmon­ie de Paris nous a fait tomber en pâmoison. Dur de résister à ce disco-funk psychédéli­que et sans passéisme, un retour vers le futur soigneusem­ent orchestré et porté par une voix nasillarde mais pas désagréabl­e. Derrière elle, Matthew Arango, 28 ans, natif d’Oxnard (Californie) – comme Madlib et Anderson .Paak –, dont le handicap (une malformati­on de la colonne vertébrale entraînant une amputation et une prothèse de la jambe) n’a fait que renforcer l’énergie nécessaire pour porter ce projet solo, lancé après avoir fricoté avec le punk puis assuré la basse dans le groupe Sea Lion, qui n’avait rien de disco et tout de l’indie-rock plan-plan.

Son déclic est venu à l’écoute de You’ve Got a Woman du groupe Lion, du rock psyché funky qui lui donne envie de bifurquer vers une musique plus catchy, influencée par le disco du Studio 54 et du Paradise Garage, les harmonies des Beatles et du Paul McCartney des 70’s, son idole absolue, tout en puisant du côté des Ghetto Brothers, groupe new-yorkais de militants afro et latino-américains auteurs d’un unique album explosant de métissages sorti en 1971. Né d’une mère d’origines écossaise et portugaise et d’un père d’origines amérindien­ne, afro-américaine et mexicaine, Cola Boyy est un membre actif de Todo Poder Al Pueblo, collectif luttant pour les droits des immigrés et contre les violences policières, et d’Apoc (Anarchist People Of Colour), même s’il se dit davantage communiste.

Son premier ep, Black Boogie Neon, attendu le 21 septembre, est un condensé de tubes sur lesquels planent les spectres de MGMT et de Mac DeMarco, dont il a assuré la première partie à Los Angeles. C’est d’ailleurs dans la Cité des Anges que le label Record Makers (Sébastien Tellier) a découvert ce petit génie. L’album devrait débarquer en 2019. Bref, tout se présente très bien pour Cola Boyy, et c’est largement mérité : sa musique a la puissance et l’envie d’un mec qui fait bien ce qui lui plaît.

ep Black Boogie Neon (Record Makers)

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