Les Inrockuptibles

OUVREZ LES VANNES

- TEXTE Carole Boinet PHOTO Vincent Ferrané pour Les Inrockupti­bles

Toutes deux sur le plateau de Quotidien après des passages très remarqués au Grand Journal et sur France Inter, NORA HAMZAWI ET ALISON WHEELER se sont imposées comme des voix identifiab­les entre toutes, au service d’un seul projet, d’une seule envie : faire rire. Nous les avons rencontrée­s ensemble pour un drôle d’entretien. Elena Letamendia Mélodie Giraud ASSISTANTE PHOTO STYLISME Séréna Forgeas Emmanuelle Audrain MUA COIFFURE

QUELLE QUE SOIT LA PHRASE D’ACCROCHE DE CETTE INTERVIEW, on ne peut s’empêcher d’entendre leurs voix, l’une aiguë, l’autre grave, s’en emparer et la détourner jusqu’à ce que le rire fuse. On commencera donc très simplement, sans formule ni filtre ni fioritures, à l’image de leur humour corrosif qui appuie pile là où ça coince, nous tendant un miroir d’absurde et de lâcher-prise, qu’il s’agisse de la “poêle anti-relous” efficace contre les frotteurs de la ligne 13 au coeur de l’excellente première chronique d’Alison Wheeler dans Quotidien, ou de cette réplique culte de Nora Hamzawi, “mon anus est un oeil, et vous savez ce qu’il se passe quand on essaie de vous mettre un doigt dans l’oeil”.

Ce sont deux bosseuses, deux trentenair­es, deux anciennes du cours Florent, deux comédienne­s, deux inquiètes aussi, qui ne cachent pas le stress d’être seules à la barre et de foncer droit devant dans un monde où la concurrenc­e est rude, le sexisme présent et le trac moteur. Après être passées par France Inter et Le Grand Journal, elles sont toutes deux sur le plateau de Quotidien, chacune avec ses mots, son jeu, son univers, mais au service d’un même Dieu : le rire.

Est-ce que vous vous souvenez de la première fois où vous vous êtes rencontrée­s ?

Nora — Moi, en tout cas, je me souviens de la première fois où j’ai pris connaissan­ce de l’existence d’Alison. Tu faisais pas un truc où genre tu étais une stagiaire qui faisait des fausses interviews ?

Alison — Si, si : c’était Carte de presse ! Nora — Ben voilà, et j’étais hyper jalouse !

Alison — Moi je t’avais vu sur des affiches, pour ton premier spectacle, et je me suis dit : “Ben voilà, ça y est, y a enfin des meufs marrantes !”

Nora — Tu vois, c’est vraiment la différence entre la bonne nature où toi t’es contente, et où moi je suis jalouse !

Alison — Mais ça c’est parce que toi t’es pas catholique aussi ! T’as pas fait de catéchisme deux heures par semaine avec des dames de 70 ans qui ont une haleine forte et à qui t’as envie de donner un Hollywood chewing-gum… C’est sûr, à la fin de cette interview je vais aller en enfer !

Nora — Mais je réfléchis : où est-ce qu’on s’est vues en vrai pour la première fois ?

Alison — C’est sûr, c’était au Grand Journal, saison 2014-2015. C’était en coulisses et t’étais super stressée. T’es une autre personne quand t’es en plateau !

“J’ai capté hypervite que quand les gens me confiaient des choses, j’aimais bien créer un truc d’empathie et d’autodérisi­on où je leur présentais un truc pire pour qu’ils se sentent mieux” NORA HAMZAWI

Nora — Oui, j’étais stressée mais toi tu étais en bande, avec Poulpe, et avec Grégoire Dey et Arsen, vos auteurs ! Moi j’étais toute seule alors que je vous voyais vous faire des retours !

Est-ce que vous avez le sentiment d’être sur un créneau d’humour différent ou de partager des choses ?

Alison — On est sur des trucs différents, mais quand Nora a son petit perso de nana… Tu vas détester ce que je vais dire (rires)… Donc son petit perso de nana un peu lose et un peu énervée, c’est un truc auquel je m’identifie facilement. Et surtout il y a son flow rapide, que j’admire…

Nora — Moi, j’admire le fait que tu arrives à faire des pauses. En fait, on n’est pas du tout sur le même rythme – y compris cardiaque. J’ai regardé ta première sur Quotidien et je me suis dit : “Mais c’est ouf, elle arrive à respirer !”

Moi je suis genre déchaînée, et je me dis qu’il faut que ça passe vite ! Même quand tu parles, tu arrives à être face caméra.

Alison — Je suis plus un produit de la télé, c’est normal. Toi tu viens de la scène ! Mais enfin rassure-toi, pour ma première j’étais hyper stress quand même…

Nora — Oui, mais à tel point que parfois j’ai des interactio­ns avec le public sur le plateau, et c’est ridicule : après je me rends compte qu’ils n’ont pas de micro et que les gens qui regardent n’entendent rien et doivent trouver ça naze !

Le stress, c’est un truc qui vous pousse ?

Alison — J’ai toujours l’impression que mon corps va me lâcher.

Nora — Ça va un peu mieux, je n’ai plus de palpitatio­ns ! Mais j’ai encore ce stress un peu dépressif avant de monter sur scène, j’ai pas envie d’y aller d’un seul coup et au bout de deux minutes je suis contente.

Quand-est ce que vous avez compris que vous aviez le pouvoir de faire rire les gens ?

Nora — Je n’ai jamais formulé un truc pareil, mais j’ai capté hypervite que quand les gens me confiaient des choses, j’aimais bien créer un truc d’empathie et d’autodérisi­on où je leur présentais un truc pire pour qu’ils se sentent mieux. En gros, une façon de mettre les autres en valeur qui me dévalorise moi. Mais je ne me suis jamais dit : “J’ai envie de faire rire ou je vais en faire mon métier”.

Je me souviens aussi avoir eu une vraie fascinatio­n pour Seinfeld à un moment donné. Je traînais toujours avec des plus grands et ils regardaien­t ça à la télé. J’adorais les débuts et les fins d’épisode, quand Seinfeld était sur scène et racontait des trucs. Je trouvais ça cool même si je n’avais pas capté le côté stand-up. On regardait Dream on aussi mais je comprenais pas tout, je trouvais juste ça hypercool. Et puis après j’ai eu envie d’être comédienne et de m’écrire des trucs pour les jouer. Au final, je me suis pris au jeu de l’écriture !

Alison — Quand j’étais petite, j’adorais les Disney et je voulais vivre dans cet univers – je ne faisais pas vraiment de distinctio­n entre le réel et la fiction. Dès que mon père sortait un caméscope je me mettais devant et je jouais des trucs, c’était presque un problème. Je voulais jouer, danser, chanter, et puis après la France m’a rattrapée et j’ai compris que ça serait plus compliqué que ça. Je me suis vite rendu compte que quand tu veux être comédienne il y a une vraie barrière sociale : j’habitais dans le 95, et même si ce n’est pas loin je n’avais pas la même culture que les gens de Paris. Tu veux être comédienne, ça se passe à Paris. Je me suis pointée au cours Florent, ça coûtait une blinde et les mecs me parlaient du cinéma de Bergman alors que moi je kiffais Les Petites Annonces d’Elie Semoun et Foresti. Là, je me suis dit que ma porte d’entrée serait l’humour, je n’avais pas le choix.

Nora — Moi aussi j’ai fait le cours Florent, c’est marrant, et j’avais pas non plus l’impression d’être dans le truc. Les cours de théâtre, c’est un nid à développer tous tes complexes. Comme je bossais à côté des cours je n’allais pas à tous et je passais pour une fille qui n’en voulait pas vraiment.

Alison — Après tu te retrouves à des castings pubs avec trente-cinq nanas sublimes et tu dois lécher un opercule de yaourt que tout le monde a léché avant toi ! Et tu te demandes : c’est ça être comédienne ?

Nora — Oui mais là tu penses à la pub Crunch d’Emma de Caunes et tu te dis que ça peut changer ta vie, on sait jamais !

Est-ce qu’il y a des figures féminines qui vous marquent ou vous ont marquées ?

Alison — J’ai beaucoup aimé les actrices qui chantent, qui dansent, qui

jouent, qu’on voit dans des late shows et qui savent aussi faire chialer à l’écran. Des Américaine­s surtout. Kristen Wiig ! Anna Kendrick !

Nora — Moi, j’avais pas trop de figures. A un moment, j’ai eu une petite fixette sur Julie Delpy ! Je trouvais qu’elle était super : à la fois actrice, auteure, réalisatri­ce. J’adorais ce truc d’interprète et de personnali­té hyper forte. J’aime bien les gens qui se font bosser et qui font leur propre truc. Et aussi, j’avoue, grosse influence de Bacri et Jaoui.

Alison — Mais oui, tu pourrais tellement être leur enfant, c’est fou. J’y pense, en France je citerais Marina Foïs, autant pour le parcours que pour ce qu’elle dégage. Elle a été dans un registre hyper populaire et elle s’est faite elle-même en montant sur scène pour des pièces hyper dramatique­s genre Luc Bondy.

Nora — Oui, ou aussi Virginie Efira, qui a réussi à péter toutes les frontières.

Vous trouvez qu’il y a un certain mépris à l’égard des humoristes ?

Nora — Il y a eu cette fois où on m’a dit “Et donc tu fais des blagues en fait ? Et c’est marrant ?” J’ai aussi eu le snobisme “Désolé, j’ai pas la télé.” Un jour, une directrice de casting a dit à mon agent : “Autant je la trouve super pour parler toute seule, autant avec d’autres gens je ne sais pas.” Là, tu passes carrément pour la folle du quartier !

Alison — J’ai déjà eu des acteurs et actrices qui me disaient pour un plan promo : “Toi tu fais des blagues, moi je fais la partie sérieuse où je parle de mon perso.” Les gens estiment que les humoristes d’internet ne bossent pas. J’ai connu ça avec le Studio Bagel. Alors que ce sont des jeunes qui entreprenn­ent des choses par eux-mêmes et les montrent à des millions de gens très critiques. Cette condescend­ance n’est pas justifiée. PEF des Robins me disait que s’il avait grandi avec YouTube comme ma génération, les Robins des Bois et lui auraient fait leurs conneries dessus. J’ai envie que les gens de ce métier comprennen­t qu’il y a de tout sur internet, comme il y a de tout sur scène ou au cinéma.

Ce ne sont que des moyens d’expression. Avec l’humour, tu mets tes entrailles sur la table, tu t’exposes forcément.

Tu dis toujours quelque chose de toi. Sinon ça se sent que tu n’es pas sincère. Ça a l’air si facile d’être naturel alors que ça demande un rythme, de sélectionn­er la meilleure vanne…

Nora, tu es à l’affiche du prochain film d’Olivier Assayas, Doubles vies, montré à Venise il y a deux semaines. Comment vous vous êtes rencontrés ?

Nora — Il est passé par mon agent qui m’a fait un texto et j’ai pensé que c’était une erreur. Et puis on s’est rencontrés dans un café, j’étais hyper impression­née et il est un peu timide alors il y avait beaucoup de silences ! Et puis il est venu voir mon spectacle, et il m’a envoyé un texto ensuite en me disant que ça lui avait plu, j’étais tellement soulagée ! Avant de monter sur scène, j’étais prête à changer le texte et à faire des alexandrin­s.

Je l’ai trouvé très curieux, et j’ai adoré le tournage. Sur beaucoup de films, j’avais

“Avec l’humour, tu mets tes entrailles sur la table, tu t’exposes forcément. Tu dis toujours quelque chose de toi. Sinon ça se sent que tu n’es pas sincère” ALISON WHEELER

rien d’hilarant à jouer, j’attendais toute la journée, bof. Et là chez Assayas j’ai redécouver­t le fait qu’il pouvait se passer vachement de trucs sur un tournage, c’était dingue, j’ai des frissons quand j’en parle mais bon, stop… faut pas que j’ai l’air trop folle avec ça (rires).

Alison, comment as-tu vécu l’après Charlie Hebdo quand tu étais encore au Grand Journal ?

Alison — Je ne sais pas qui de normalemen­t constitué pouvait avoir envie de faire des vannes à cet instant-là. Pas moi en tout cas. Mais il y avait eu cette marche où Hollande s’était fait chier dessus par un pigeon, et on s’était dit que ce serait drôle si je me faisais chier dessus par un pigeon imaginaire en plateau. Ce jour-là, il y avait Patrick Pelloux.

Il a beaucoup ri et m’a remerciée après en me disant que ça lui avait fait du bien de se marrer. Je pense que c’est important de rire quand des choses dures se passent.

Ça vous fait peur le fait que tout puisse s’embraser très vite avec les réseaux sociaux, notamment Twitter ? Alison — La police de l’humour ! Nora — Je ne me sens personnell­ement pas très concernée comme je ne fais pas dans l’actu, dans la politique, mais plus dans l’autodérisi­on. Après, c’est vrai que si je parle d’un gros cul on va dire que je suis grossophob­e…

Tu joues beaucoup avec les stéréotype­s du masculin, du féminin…

Nora — La protection des animaux m’était tombée dessus un jour parce que j’avais dit que les hamsters étaient de gros connards. C’est absurde ! Quand il y a une absence totale de second degré, t’as envie de dire “Allez vivre sur une autre planète !” J’adore quand on me répond “C’est pas vrai ce que tu dis.” Je ne suis pas là pour éduquer ou informer, je suis là pour divertir ! Ça me fait le même effet que pour le rap. Les gens veulent absolument qu’il y ait un propos vrai, presque sociologiq­ue, moralisate­ur… Or, chacun sa place ! Je milite pour le divertisse­ment, le rire. Evidemment ça peut parfois toucher les gens dans leurs failles puisqu’il y a un propos. Mais quand on me dit : “Vous êtes publique, faites attention !”, j’ai envie de répondre : “Toi, fais attention à comprendre qui est qui, et fais-toi ton propre esprit critique !” Les médias appuient là-dessus parfois en disant : “Vous avez un humour militant”. Tu as beau répondre que non, eux disent “Si, si !” Ça l’est dans la mesure où je suis une femme et ma propre patronne. Ça l’est donc dans le fond mais pas dans la forme. Ça me rend un tout petit peu nostalgiqu­e, alors que je déteste la nostalgie, le fait de me dire que c’était mieux avant ça me déprime, mais peut-être parce que dans le fond j’y crois et que j’ai un peu peur ! (rires)

Alison — Il y a des gens sur internet qui connaissen­t vraiment l’impact que peuvent avoir les réseaux sociaux sur une personnali­té publique, un humoriste, et qui en abusent. Un truc de susceptibi­lité qui plane sur tout ce qui existe. Après, c’est important de faire attention au message que tu envoies parce qu’on vit une époque de changement­s… J’essaie de faire gaffe à ne pas dire l’inverse de ce que je veux dire. Si je fais une blague

pour dénoncer le racisme, je vais noter toutes les blagues racistes qui me viennent, pour les dégager et passer à autre chose ! Je me souviens d’avoir dit : “Septembre c’est le pire des mois, c’est le Nordahl Lelandais des vacances.” Plusieurs personnes me l’ont reproché en me disant que je n’étais pas respectueu­se à l’égard des familles. Mais je n’ai jamais dit que c’était un type bien !

Nora — Si tu commences à te demander qui tu vas blesser, tu blesses tout le monde… Un jour, alors que je venais d’avoir mon enfant, des filles étaient venues me voir en loge après mon spectacle. Elles sont devenues dingues lorsqu’elles m’ont entendu parler de mon enfant au téléphone. Elles me disaient : “T’as un enfant ! Mais on pensait que t’étais en galère comme nous !”

Un truc d’identifica­tion s’était pété… Alors que bon tu peux être en galère et avoir un enfant !

Alison — Toi, Nora, tu n’as pas le droit d’avoir des rapports sexuels !

Nora — Ça tombe bien je n’en ai pas ! (rires)

Comment vivez-vous le fait d’être des femmes dans ce milieu structurel­lement masculin ?

Alison — Au Grand Journal, ça m’a violentée. Je sentais que quand je disais un truc, c’était moins drôle que quand un mec le disait. Il y avait aussi le souci vestimenta­ire. Il fallait s’habiller comme une femme. Une pote de ma mère m’a dit un jour : “Pendant combien de temps tu vas te plaindre de ce caillou que tu as dans la chaussure ! Tu vas marcher avec ou t’en libérer ?” Je ne peux pas changer les moeurs des gens de mon époque d’un seul coup. Mais la réponse que je peux apporter c’est de taffer non-stop pour dire noir sur blanc : “Si ma vanne est bien, elle est bien et je la dirai !”

Nora — Je trouve ça chiant les médias qui ont cette façon ringarde de titrer “l’humour de femme” ou “les femmes arrivent”, comme si on était une catégorie animalière, des chats persans !

Alison — “Les 10 femmes les plus drôles de France” ! Il suffit de remplacer femme par Noir et tu vois bien que ce n’est pas correct de dire ça !

Vous ressentez une évolution dans le traitement médiatique des femmes, malgré tout ?

Alison — Le regard change. A l’écran, je vois des femmes plus représenta­tives de celles que je vois dans la vie, des humoristes que je kiffe comme Fadily Camara, Tania Dutel…

Pas des speakerine­s de télé, ce quota de nanas un peu sexy dont les émissions sportives étaient symptomati­ques. Aujourd’hui, il y a Marie Portolano, Isabelle Ithurburu aussi depuis un moment. On les regarde pour ce qu’elles savent faire, on évalue leurs compétence­s.

On ne les pose plus là comme ça.

Vous avez un exemple d’humour irrésistib­le ?

Alison — Je ris souvent le plus dans les moments où je suis nerveuseme­nt à bout. Je me souviens de l’enterremen­t

“Je trouve ça chiant les médias qui ont cette façon ringarde de titrer ‘l’humour de femme’ ou ‘les femmes arrivent’, comme si on était une catégorie animalière, des chats persans !”

de ma grand-mère irlandaise, que j’aime plus que tout. Je marchais derrière le corbillard avec mes cousines, toutes en noir. Or la voiture roulait très vite, donc on marchait de plus en plus vite. A un moment on ressemblai­t à ces marcheurs sportifs, on se déhanchait. C’était ridicule ! J’ai commencé à être prise de larmes de rire. Ce rire que tu n’as pas le droit d’avoir car il y a le regard des autres qui se demandent ce qu’il se passe, qui trouvent ça incorrect. C’était tellement un truc de comédie anglo-saxonne !

Nora — Je ne vais pas réussir à trouver…

Alison — Ton accoucheme­nt ? Ta péridurale ?

Nora — J’en parle dans mon nouveau spectacle, de la péridurale !

Alison — Comment tu fais pour savoir que ta blague n’a jamais été faite ? Je double-checke, moi. Quand tu admires des humoristes, tu peux parfois ne pas te rendre compte que la vanne qui t’est venue a été faite deux cents fois et en beaucoup mieux…

Nora — Tu veux dire une formulatio­n exacte ?

Alison — Non, une idée.

Nora — Dans ces cas-là, toutes les comédies romantique­s ont la même structure, et tous les gens de 30 ans sont amenés à parler de cul. Pour moi, ce n’est pas tellement ce que tu dis que la manière de le dire qui importe.

Et toi Alison, tu penses faire un spectacle un jour ?

Alison — J’adorerais mais je rêverais d’un truc musical, d’un show, et je sens que j’en demande trop pour quelqu’un qui n’a pas encore mis les pieds sur les planches. Et puis j’ai trop peur du eye contact avec quelqu’un du public qui ne rirait pas du tout et me sortirait de mon texte. J’ai beaucoup fait ce cauchemar où j’arrive nue sur une scène de stand-up, et je dis “Salut, je m’appelle Alison, et comme son nom l’indique…” et je n’ai pas de suite !

Nora — Tu devrais te fixer une échéance. Allez, ça sera le 3 février, voilà ! Alison — Aaah !

Nora — Moi je ne fais plus de scène ouverte, j’en ai fait deux, trois et ça me rendait malheureus­e. J’avais l’impression de retourner à l’école. Il y a huit ans, j’avais fait un festival, genre entre un cracheur de feu et un mec qui faisait du slam. Il y avait des poteaux avec nos noms où les gens devaient déposer des jetons selon leurs préférence­s.

J’en avais eu un. Et la personne m’avait dit :“J’ai vu que vous n’en aviez pas eu alors j’en ai mis un.” Horrible !

Alison — Moi, j’aimerais descendre d’une nacelle avec un choeur gospel et je chanterais sur le syndrome prémenstru­el. J’aimerais un show barré, avec des nains pourquoi pas !

Nora — Les nains, tu te fais défoncer. Alison — Ah bon, par qui ? La Société des défenseurs des nains ?

Nora Hamzawi

Doubles vies d’Olivier Assayas. En salle le 16 janvier 2019

“Nora a la réponse” le mercredi dans Quotidien sur TMC Nouveau spectable en rodage du 16 novembre au 21 décembre, au République, Paris IIIe

Alison Wheeler

“Le Téléshoppi­ng d’Alison Wheeler” le lundi dans Quotidien sur TMC

NORA HAMZAWI

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