Les Inrockuptibles

La belle santé de Deauville

- Théo Ribeton

Excellente édition du festival du film américain, qui se recentre sur les marges. Deauville n’est plus le tapis rouge idéal des grandes avant-premières US de rentrée. Certes, encore appareillé pour ces séances rutilantes, il les réserve désormais – et avec un peu de déni – à des espèces de non-événements luxueuseme­nt castés mais attendus par personne, et qui finissent par ne jamais sortir en salle ( Opération finale, film sur la traque d’Eichmann avec Oscar Isaac et Ben Kingsley).

Mais on se dit depuis quelques années que Deauville s’en passe de mieux en mieux, et réussit une reconversi­on exemplaire dans l’indé. Et 2018 le prouve plus que jamais : de Thunder Road (Grand Prix, en salle) à Leave No Trace (en salle également) en passant par We the Animals ou Puzzle, le festival donne un aperçu éclatant de la santé des indies américains, et donc de la sienne.On s’attardera sur Diane, bouleversa­nt woman picture de Kent Jones, critique réputé et tête du New York Film Festival, qui signe sa première réalisatio­n sous les auspices d’un classicism­e pudique et feutré. La Diane du titre approche de la vieillesse mais c’est autour d’elle, dans sa bourgade du Massachuse­tts, que l’on vieillit ou que l’on meurt : sa nièce bientôt emportée par un cancer, son fils drogué et d’autres à venir sont autant de plaies de la vie qu’elle soigne et soigne encore pour donner du sens à la sienne. Un film sur le soin qu’il s’agirait de ne pas laisser mourir : il n’a pas encore de distribute­ur, espérons qu’il le trouvera.

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Diane de Kent Jones

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