Les Inrockuptibles

Nick Cave & The Bad Seeds

Distant Sky (ep) Kobalt/Pias Un ep live pour se remémorer l’un des shows les plus époustoufl­ants de 2017.

- Noémie Lecoq

EN OCTOBRE 2017, NICK CAVE & THE BAD SEEDS se produisent sur la scène du Royal Arena de Copenhague, dans le cadre d’une tournée qui les emmène dans le monde entier. Ce concert a été filmé, puis diffusé en avril dernier dans les cinémas de plusieurs pays. De ce show monumental, le Distant Sky n’a gardé que quatre chansons, mais pas n’importe lesquelles : on entend ici quatre épopées à couper le souffle, qui figurent parmi les meilleures compositio­ns du gang ténébreux.

Stratégiqu­ement placé en ouverture, Jubilee Street commence par un riff dénudé, auquel viennent s’ajouter peu à peu les autres instrument­s, et le rythme monte en puissance jusqu’à une explosion finale dévastatri­ce. Cet extrait de Push The Sky Away (2013) prouve que l’alliance Nick Cave-Warren Ellis n’a pas fini d’émerveille­r.

Après un moment de recueillem­ent sur le morceau Distant Sky (qui vient de Skeleton Tree, leur dernier album en date), en duo avec la soprano danoise Else Torp, place au back catalogue avec deux titres beaucoup plus anciens, qui ont marqué au fer rouge la discograph­ie du groupe et leur public : The Mercy Seat

et From Her To Eternity. Sur le premier, célèbre morceau-fleuve dont on ne se remettra jamais, Nick se change en prédicateu­r possédé et ses compagnons le rejoignent pour des choeurs façon bateau de pirates en pleine tempête. Sorti en 1988 sur Tender Prey, The Mercy Seat fête cette année ses 30 ans et n’a même pas pris une ride. On devine les cris du public derrière le rugissemen­t des guitares : quiconque a déjà assisté à un concert de cette troupe déglinguée sait qu’il est impossible de résister au souffle de ce tube démoniaque, ni au charisme vénéneux du leader qui hurle en boucle “I’m not afraid to die” (le narrateur nous parle depuis la chaise électrique où il va être exécuté d’un instant à l’autre) avant d’avouer en conclusion : “I’m afraid I told a lie.” On remonte encore un peu dans le temps avec From Her To Eternity, sorti en 1984 sur l’album du même nom. Un piano désaccordé, des guitares lacérées, une histoire d’amour torturée à souhait : les ingrédient­s parfaits pour clore les festivités pendant neuf minutes, avec une énergie qui ne fait qu’enfler, sans jamais faiblir. La foule en redemande et on trépigne d’impatience à l’idée de revoir ces bêtes de scène dont la maturité n’éclipse pas la fureur.

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