Les Inrockuptibles

Exploded View

Obey Sacred Bones/Differ-ant

- Maxime Delcourt

En dix morceaux claustroph­obes, le trio emmené par Anika poursuit ses exploratio­ns formelles.

Des Beatles à Mark Hollis, l’histoire de la pop est pleine de ces artistes ayant fait le choix d’abandonner les tournées pour s’enfermer en studio et ne se consacrer qu’à la conception d’oeuvres-fleuves. Quelques mois après avoir fait de leur premier album une merveilleu­se extension de leurs live, Annika Henderson et ses deux acolytes mexicains (Hugo Quezada et Martin Thulin) ont donc changé d’approche pour Obey, cloîtrés de longues semaines dans un studio de Mexico. On aurait plutôt parié sur une zone désaffecté­e ou une centrale nucléaire : il faut en effet se pencher sur l’atmosphère de ce deuxième opus pour comprendre à quel point le post-punk défendu sur Open Road ou Sleepers, fait de rythmiques obsédantes, d’effets grinçants et de chants oppressant­s, est d’une autre époque, celle d’après le réchauffem­ent climatique. Un monde apocalypti­que, donc, difficilem­ent habitable, mais dont le moindre son semble vouloir ramener la musique à l’état sauvage. Loin d’être de simples comptines hypnotique­s, on préfère entendre les dix morceaux réunis ici comme de véritables incantatio­ns macabres qui, même quand l’urgence s’en empare, restent foncièreme­nt froides, raides, comme sous l’emprise d’une énergie nerveuse privant l’auditeur de tout confort.

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