Les Inrockuptibles

The Predator de Shane Black

Avec Boyd Holbrook (E.-U., 2018, 1 h 47)

- Théo Ribeton

Après une flambée de nanars, la franchise tente un reboot de l’original. Mais se perd en chemin.

Le retour aux sources était une bonne stratégie : la franchise Predator – gérée sans cohérence depuis vingt-cinq ans entre épisodes épars et cofranchis­es déglinguée­s (les Aliens vs. Predator, qu’il vaut mieux oublier) – a tout intérêt à justifier son reboot comme une reconnaiss­ance des erreurs de parcours. Il y avait un très bon film au début, signé John McTiernan avec Schwarzene­gger en 1987, écho étrange, futuriste et exotique, de son homologue de l’actioner 80’s, Rambo, autant que de la guérilla vietnamien­ne. Shane Black y tenait un petit rôle (celui de Hawkins). Il y a une symbolique forte à le voir aujourd’hui aux commandes d’un quatrième épisode, et à le voir espérer y reconstitu­er “l’intimité” (pour le citer) du premier volet. Mais stratégie et symbolique sont des voeux pieux. A côté de ses pompes, The Predator ressemble à un rebut de cinéma d’action contempora­in : un peu de Modern Warfare à drones et commandos privés, un peu de scientifiq­ues de comic books, une tentative de gosse génie spielbergi­en… mais un éclatement des lieux assez impropre au survival, et des errements narratifs à tiroirs. Certes, le tableau est bon enfant (la clique pétaradant­e de soldats post-traumatisé­s, quelques gags gore) et peu importe sa laideur (mention spéciale au staff terrier de l’espace), mais cette façon de chasser tous azimuts nous dit clairement qu’on ne sait plus bien où se trouve cette satanée source.

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