Les Inrockuptibles

Temperance

Temperance#2 Ostinato/Differ-ant

- Franck Vergeade

Couronné d’une Victoire 2018 en catégorie musiques électroniq­ues, Dominique Dalcan signe un nouvel album qui échappe à l’uniformisa­tion.

“TOUT VIENT À POINT À QUI SAIT ATTENDRE”, comme dit l’adage. Dans le circuit musical depuis 1991, Dominique Dalcan aura patienté trois décennies avant de recevoir une Victoire pour “l’album de musiques électroniq­ues” en février dernier, rejoignant ainsi Laurent Garnier, Air, Justice ou Kavinsky au palmarès. Une récompense méritée pour ce chanteur et musicien libre qui connut les affres de l’industrie du disque et qui venait, encore une fois, de changer d’alias avec Temperance.

Basé essentiell­ement sur des improvisat­ions vocales, ce projet répond à une nouvelle signature, entre songwritin­g et soundwriti­ng. “Ce sont des morceaux très écrits et à vocation populaire au sens littéral du terme, même si la première écoute ne le révèle pas forcément…

J’ai toujours composé avec cette liberté, avant parfois de trop formater les chansons. De ce point de vue, les deux disques de Temperance me ressemblen­t vraiment”, insiste l’intéressé, jovial mais toujours un peu inquiet.

Paru cet automne, le second volume de Temperance est à la fois immédiatem­ent accrocheur, puissammen­t évocateur et simplement éblouissan­t. Traversé par un souffle rare – comme si Scott Walker avait rencontré Prefuse 73, comme si James Blake avait remixé The Blue Nile –, Temperance#2 s’écoute à la maison ou en concert, où son auteur a réalisé des films à rebours des images frénétique­ment animées de l’époque. L’album fait la part belle aux ballades r’n’b charnelles (Seeking for You), aux plages digitales futuristes (Whatever She Wanted) et aux tubes pop électroniq­ues ( Come onYeah, trois minutes irrésistib­les). Avec le single Done Enough for Your Man, dont le clip met à l’honneur Valérie Kaprisky, icône des années 1980, Dominique Dalcan évoque en filigrane le mouvement MeToo.

Au final, Temperance#2 est le prolongeme­nt d’une discograph­ie passionnan­te aux ramificati­ons plurielles : “Je fonctionne en rhizomes, un album en appelle un autre et ainsi de suite. Derrière les étiquettes, qui répondent à des périodes, chaque dénominati­on est une nouvelle mutation : Temperance n’est rien d’autre que la suite de Snooze.

En vérité, j’ai l’impression de faire toujours un peu le même disque depuis presque trente ans.” Une endurance qui s’accommode bien avec Temperance, projet transversa­l à l’encontre de l’uniformisa­tion des tendances musicales et sonores. Et c’est sans doute sur ce terrain-là que Dominique Dalcan tient sa plus belle victoire.

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