Les Inrockuptibles

Groove Airlines

- François Moreau

Phénomène live auréolé d’une collab avec Daft Punk, les Australien­s de PARCELS livrent un premier album parfaiteme­nt produit pour s’évader par la danse.

JULES CROMMELIN FERME LES YEUX ET JETTE SA TÊTE EN ARRIÈRE, comme s’il venait de tirer une taffe sur la meilleure weed du monde : “Ça, c’était le meilleur moment ! Le bruit de la foule, c’était le truc le plus électrisan­t”, lâche-t-il, en évoquant le passage de Parcels sur la scène de l’AccorHotel­s Arena en septembre 2017. Les kids de Byron Bay, spot de surfeurs du Grand Est australien, faisaient alors la première partie de Phoenix dans une salle pleine à craquer, un an seulement après avoir retourné la Boule Noire dans le cadre du festival des Inrocks.

Septembre 2018, le guitariste et frontman du combo postfunk expatrié à Berlin n’a pas changé : lui et sa clique semblent s’être encore échappés d’une collection de photos vintage tirée du blog de Brad Getty “Dads Are the Original Hipsters”, Birkenstoc­k aux pieds et look Pan Am Airways mid-seventies un poil fétichiste, et la flamme brille toujours autant dans leurs yeux. A ceci près, qu’ils ont, depuis, enregistré Hideout, un ep qui ressemble davantage à un laboratoir­e d’idées qu’à une collection de chansons, calé une collaborat­ion avec Daft Punk (Overnight), enchaîné avec une tournée mondiale et sorti un premier album attendu au tournant par un paquet de fans : “Le concept, c’est qu’on ne voulait pas de concept, nous confie Jules. On voulait surtout écrire une poignée de bonnes chansons. Le processus d’écriture devait primer sur le reste, on ne voulait pas tomber dans quelque chose de trop produit.”

Une volonté qui tient beaucoup au fait que le groupe est attaché à l’idée de tout jouer live sur scène, sans bande ni preset. Pour que chaque instrument claque avec ses défauts de variation et ses moments de grâce sonique.

“Je pense que le live nous a aidés à avoir les idées plus claires et à simplifier notre propos. C’est très important de pouvoir reproduire notre musique sur scène, de faire sonner nos instrument­s.” Les velléités de songwritin­g traversent effectivem­ent le disque (Withorwith­out, Tape,Yourfault, Closetowhy, Tieduprigh­tnow, Bemyself) mais ne parviennen­t pas à faire oublier que les Australien­s sont surtout d’excellents technicien­s, transforma­nt n’importe quelle ligne de basse en un groove viral : “Ici on produit tout, précise Jules. Quand tu as un producteur, c’est certain, tu peux te concentrer uniquement sur l’écriture. La musique, c’est aussi une part de production et tout le groupe est partie prenante. C’est forcément corrélé.”

Un travail de groupe, de cohésion qui s’entend sur des instrument­aux comme Everyroad, long moment épique de neuf minutes, qui commence en douceur, pour se terminer en dubstep smooth façon Skrillex découvrant le balearic beat : “On jouait live tous ensemble et il y eu ce beat qui durait encore et encore, et ça s’est produit, mec. Un peu par hasard”, nous confie Patrick Hetheringt­on, le clavier. “Nous avions aussi envie d’un instrument­al long et progressif”, ajoute Jules. Parcels aime parler “d’aventure” quand il s’agit d’évoquer leur musique, une dénominati­on qui les rapproche des Steely Dan, Doobie Brothers et autres grands noms du yacht rock, infatigabl­es tripatouil­leurs de machines à la recherche constante d’un son propre, pur, sans distorsion : “C’est quoi le yacht rock ?”, demande Patrick. Une belle manière de se défier des carcans.

Album Parcels (Kitsuné/Because Music)

Concerts le 11 novembre à Lille, le 13 à Paris (Olympia), le 15 à Bordeaux, le 16 à Toulouse

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