“Lore” de dormir
Toni Collette
jugement dans leur remise en question du modèle sexuel traditionnel.
Cette douceur s’étend progressivement aux personnages secondaires : chaque amant(e), ami, parent ou patient
(Joy est psychothérapeute) peut agripper le récit le temps de savourer une joie ou de consoler une peine.
La belle idée des scénaristes consiste à travailler la question du désir comme un chapelet de micro-événements drolatiques – recroiser son premier amour alors qu’on achète des préservatifs, désamorcer un rendez-vous Tinder gênant ou trouver la meilleure position pour faire l’amour dans une voiture – mais aussi comme espace de communication permanente : on parle de sexe en famille, entre amis, entre amants... La sexualité de Wanderlust se déploie comme un réseau doux-amer d’interactions sensibles aux embranchements aussi multiples que les définitions possibles de son titre (proposées au début de chaque épisode), et le plaisir n’y est jamais recherché au détriment de l’autre. Wanderlust Sur Netflix La série qui dissèque les racines réelles des légendes horrifiques perd sa singularité dans sa saison 2. A l’origine, il y avait un podcast créé par Aaron Mahnke consacré à des histoires vraies aussi sombres qu’intrigantes : meurtres irrésolus, expériences médicales sordides... Chaque récit comportant une part vérifiée et une zone d’ombre, la distance temporelle a permis au folklore populaire d’en investir les recoins en ramifications infinies, le fait divers devenant à la fois miroir déformant des angoisses de son époque et source inépuisable de récits horrifiques. Lore – Mythes et croyances avait trouvé l’an dernier une forme télévisuelle étonnante en entrelacs d’images d’archives, de reconstitutions fictionnelles et de séquences animées scandées par l’inimitable flot vocal de son créateur. L’ironie de ce commentaire distancié menait le spectateur à douter de la valeur des images présentées : et si l’archive avait été truquée ? Quelle marge de liberté s’octroient les reconstitutions ? En somme, comme le dit la phrase d’accroche du show : “Parfois, le réel est plus effrayant que la fiction” ? En changeant de thème à chaque épisode, Lore s’inscrit dans une tradition anthologique du récit d’horreur, littéraire ou télévisuel. Comme si la peur contée perdait en intensité sur la durée, et ne trouvait sa forme idéale qu’en revenant à ses racines : ces histoires qu’on se raconte entre gamins avec une excitation inquiète avant de dormir. Hélas, la seconde saison s’est débarrassée des images d’archives comme de la voix de Mahnke pour miser sur son versant en live action
– le moins réussi. Maladroitement mises en scène et inutilement gore, les reconstitutions fictionnelles annihilent la charge fantasmatique des mythes en solidifiant à l’écran une interprétation unique. En voulant s’aligner sur la production actuelle, Lore a perdu et sa singularité, et son intérêt. Oubliez la saison 2, (re) plongez-vous dans la première et savourez le podcast.
Lore – Mythes et croyances saisons 1 et 2. Sur Amazon Prime Video