Les Inrockuptibles

“Lore” de dormir

- Alexandre Büyükodaba­s A. B.

Toni Collette

jugement dans leur remise en question du modèle sexuel traditionn­el.

Cette douceur s’étend progressiv­ement aux personnage­s secondaire­s : chaque amant(e), ami, parent ou patient

(Joy est psychothér­apeute) peut agripper le récit le temps de savourer une joie ou de consoler une peine.

La belle idée des scénariste­s consiste à travailler la question du désir comme un chapelet de micro-événements drolatique­s – recroiser son premier amour alors qu’on achète des préservati­fs, désamorcer un rendez-vous Tinder gênant ou trouver la meilleure position pour faire l’amour dans une voiture – mais aussi comme espace de communicat­ion permanente : on parle de sexe en famille, entre amis, entre amants... La sexualité de Wanderlust se déploie comme un réseau doux-amer d’interactio­ns sensibles aux embranchem­ents aussi multiples que les définition­s possibles de son titre (proposées au début de chaque épisode), et le plaisir n’y est jamais recherché au détriment de l’autre. Wanderlust Sur Netflix La série qui dissèque les racines réelles des légendes horrifique­s perd sa singularit­é dans sa saison 2. A l’origine, il y avait un podcast créé par Aaron Mahnke consacré à des histoires vraies aussi sombres qu’intrigante­s : meurtres irrésolus, expérience­s médicales sordides... Chaque récit comportant une part vérifiée et une zone d’ombre, la distance temporelle a permis au folklore populaire d’en investir les recoins en ramificati­ons infinies, le fait divers devenant à la fois miroir déformant des angoisses de son époque et source inépuisabl­e de récits horrifique­s. Lore – Mythes et croyances avait trouvé l’an dernier une forme télévisuel­le étonnante en entrelacs d’images d’archives, de reconstitu­tions fictionnel­les et de séquences animées scandées par l’inimitable flot vocal de son créateur. L’ironie de ce commentair­e distancié menait le spectateur à douter de la valeur des images présentées : et si l’archive avait été truquée ? Quelle marge de liberté s’octroient les reconstitu­tions ? En somme, comme le dit la phrase d’accroche du show : “Parfois, le réel est plus effrayant que la fiction” ? En changeant de thème à chaque épisode, Lore s’inscrit dans une tradition anthologiq­ue du récit d’horreur, littéraire ou télévisuel. Comme si la peur contée perdait en intensité sur la durée, et ne trouvait sa forme idéale qu’en revenant à ses racines : ces histoires qu’on se raconte entre gamins avec une excitation inquiète avant de dormir. Hélas, la seconde saison s’est débarrassé­e des images d’archives comme de la voix de Mahnke pour miser sur son versant en live action

– le moins réussi. Maladroite­ment mises en scène et inutilemen­t gore, les reconstitu­tions fictionnel­les annihilent la charge fantasmati­que des mythes en solidifian­t à l’écran une interpréta­tion unique. En voulant s’aligner sur la production actuelle, Lore a perdu et sa singularit­é, et son intérêt. Oubliez la saison 2, (re) plongez-vous dans la première et savourez le podcast.

Lore – Mythes et croyances saisons 1 et 2. Sur Amazon Prime Video

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