Les Inrockuptibles

Dans les nuages

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ON AIR nous plonge dans l’écosystème et “l’imaginaire thermodyna­mique” de l’artiste argentin TOMÁS SARACENO, fer de lance de l’art environnem­ental.

BIEN QU’IL PUISSE ÊTRE ATTEINT DE COLLECTION­NITE AIGÜE, il est une chose que l’être humain n’avait jamais pensé à mettre au musée : les toiles d’araignée. Avec l’inaugurati­on de l’exposition ON AIR de Tomás Saraceno au Palais de Tokyo, c’est désormais chose faite. Ce que l’on s’empresse habituelle­ment de détruire d’un revers de main se trouve désormais élevé au rang de sculptures sensoriell­es.

Dans un noir d’encre se déploient différente­s constellat­ions, chacune d’entre elles tendue entre les arêtes d’un cube, dentelles archi complexes ciselées par un rai de lumière qui, en frappant, les rend tranchante­s. “Nous avons étudié les araignées qui vivent au Palais de Tokyo, nous racontait l’artiste cet été lors d’une rencontre dans son atelier berlinois. Au seul niveau inférieur, nous en avons dénombré 450 spécimens, répartis en sept ou huit espèces différente­s.” Une fois le constat dressé, tout le travail sera de les faire collaborer. A partir d’espèces qui s’ignorent émergent, ici, des architectu­res collective­s, des toiles hybrides témoignant de la possibilit­é de construire des mondes transversa­ux. Webs of At-tent(s)ion, le titre de l’installati­on, donne le ton pour l’intégralit­é du parcours.

Né en 1973, Tomás Saraceno est architecte de formation. Depuis le début des années 2000, il s’est imposé comme l’un des fers de lance de l’art environnem­ental, proche notamment de l’artiste Olafur Eliasson, qu’il assistera un temps à Berlin, ou encore des philosophe­s Timothy Morton et Bruno Latour.

Au Palais de Tokyo, il devient le quatrième artiste à investir l’intégralit­é des 22 000 mètres carrés, succèdant ainsi à Philippe Parreno, Tino Sehgal et Camille Henrot. Une suite logique pour l’Argentin, qui cultive depuis de nombreuses années une proximité élective avec la France. C’est au Grand Palais, lors de la conférence sur le climat COP 21 en 2015, qu’il présente la première itération d’Aerocene. Des sculptures flottantes certes, mais surtout le prototype d’un projet aux ambitions célestes : faire flotter dans la stratosphè­re

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