La ruée vers l’Ouest
Qu’est-ce qui peut bien pousser l’un des fleurons de la musique électronique française à s’exiler à Los Angeles, si ce n’est la proximité des grands studios hollywoodiens et la perspective de pouvoir synchroniser à l’ambiance cinématographique leurs compositions évocatrices ? Creusant son sillon à la lisière de la French Touch depuis maintenant plus de quinze ans, Maud Geffray et Sébastien Chenut de Scratch Massive, l’un des duos les plus fascinants des scènes electro actuelles, se sont forgés une réputation en acier trempé. Et, mine de rien, ils ont réussi le tour de force de relever le défi de l’indépendance en lançant, il y a deux ans, bORDEL, un label qui commence à générer dans son sillage toute une scène aussi éclectique
(le rappeur Frédéric Da) qu’iconoclaste (Turbotito). Brain magazine a récemment eu l’excellente idée de leur consacrer un portfolio retraçant dix ans de tournées, depuis le Pulp, boulevard Poissonière à Paris, où Maud a fait ses premières armes, jusqu’au dédale des rayons d’Amoeba Music, l’immense record store du Sunset Boulevard. C’est là-bas que Sébastien est installé depuis des années et que Maud le rejoint plusieurs fois par an pour travailler sur ce qui donnera naissance à Garden of Love, un disque radical dans sa proposition. Composées dans leur studio du quartier de Atwater, au nord de Silver Lake, là où les Beastie Boys avaient également l’habitude de bosser, les dix petites bombes de ce nouvel album ratissent large, dans le bon sens du terme, assumant la nécessaire expression des errances évanescentes inhérentes à la vie angeline (Last Dance), sans jamais oublier les racines club d’une musique toujours aussi racée (Chute libre). Pourvu que l’exil de Scratch Massive puisse servir de cheval de Troie outre-Atlantique à toute l’electro français.