Les Inrockuptibles

François Ruffin

Entretien au long cours sur le moment politique que traverse le pays

- TEXTE Mathieu Dejean PHOTO Cyril Zannettacc­i pour Les Inrockupti­bles

Reporter, député de La France insoumise, FRANÇOIS RUFFIN vit au plus près de la France des “gilets jaunes”. Conscient des risques que l’extrême droite fait courir à ce mouvement hétérogène, il plaide pour une alliance des classes intermédia­ire et populaire afin de “transforme­r les choses”.

UNE ATMOSPHÈRE DE MUTINERIE RÈGNE SUR LE RONDPOINT DE LA COMMUNE D’ALBERT (Somme), à trente minutes d’Amiens, ce 1er décembre au matin. Quand François Ruffin sort de sa vieille Citroën Berlingo, son éternelle veste en cuir marron sur les épaules, il est accueilli par une petite foule de “gilets jaunes” hirsutes aux yeux cernés. Le slogan marqué au feutre noir sur une pancarte à l’entrée du barrage filtrant est le même que dans de nombreux villages de France depuis le 17 novembre : “Macron démission !” Autour de quelques braseros qui crépitent sous la pluie glacée, le député insoumis reçoit les doléances de ces opposants à la baisse du pouvoir d’achat, dont il écoute les récits de vie. “Je me prive de tout, sauf sur les loisirs de mes enfants”, “ma fille de 7 ans ne veut pas me dire ce qu’elle veut pour Noël, car elle sait qu’il n’y a plus d’argent”, lui dit-on. Certains portent des casques Adrian M1915, symboles de la Première Guerre mondiale, en signe de résistance. Alors que Paris s’apprête à vivre une sidérante journée de guérilla urbaine, le terreau de la révolte est bien là, localement. Deux jours plus tôt, Ruffin exhortait les classes intermédia­ires parisienne­s à soutenir cette France des invisibles, sur la place de la République. Le rédacteur en chef du journal Fakir, réalisateu­r de Merci patron ! (2016), est un des rares à gauche à ne pas avoir détourné le regard quand cette vague de colère rurale a surgi. Au moment où elle semble dégénérer en rage incontrôlé­e, il nous explique longuement l’importance de ce “moment historique”, le temps d’un aller-retour en voiture sur les terres picardes. Il y a un an et demi vous écriviez une “Lettre ouverte à un futur président déjà haï”, dans laquelle vous accusiez Emmanuel Macron d’être “frappé de surdité sociale”. Dans une nouvelle missive que vous lui avez adressée la semaine dernière, vous dites que c’est désormais la folie qui le frappe. Pourquoi ?

François Ruffin — Ce qui était en germe il y a un an et demi est aujourd’hui acté. Le divorce avec les classes populaires est massif et évident. Que s’est-il passé entretemps ? Emmanuel Macron a mis en applicatio­n son programme et son ethos, c’est-à-dire sa manière d’être au monde social. Le péché originel a été la suppressio­n de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), alors que dans le même temps il plafonnait les indemnités aux prud’hommes pour les salariés, allait augmenter la CSG pour les retraités, gratter 5 euros d’APL sur les locataires modestes, ou encore supprimer 250 000 emplois aidés. Ce sont des mesures d’une mesquineri­e inimaginab­le. Ces gens sont à la peine,

“Je vois aussi le risque que la colère se reporte sur les étrangers. Si on sort de ce mouvement social avec un exécutif qui ne lâche rien, que va-t-il se produire ?”

dans la galère, et c’est sur leur dos qu’il va chercher le pognon qu’il va donner aux plus riches du pays.

Vous pensez qu’il a atteint un point de non-retour avec les classes les plus modestes ?

Oui. Le journalist­e David Dufresne a récemment écrit un très bon livre sur Brel ( On ne vit qu’une heure, Seuil – ndlr), qui décrit Vesoul, la France profonde, celle des “gilets jaunes” avant l’heure. Il dit en substance : quel est ce pays où l’on peut déclarer qu’on donne aux pauvres “un pognon de dingue”, sans rendre les pauvres dingues ? Il a raison. Aujourd’hui, nous arrivons au terme d’un lent processus social. La colère s’est cristallis­ée sous le coup des injustices accumulées et de l’arrogance du verbe d’Emmanuel Macron – “ces gens qui ne sont rien”, “Gaulois réfractair­es”, “cyniques” et “fainéants”, qui “n’ont qu’à traverser la rue” pour trouver un emploi. Et ce n’est pas une colère latente. Les “gilets jaunes” sont une minorité agissante, soutenue par une immense majorité. Macron est haï. Je ne suis pas le porteur de cette haine, j’en suis le messager. Mais il faut élargir le constat : non seulement il est fou, mais ils sont collective­ment fous.

Qu’entendez-vous par là ?

Le problème ne réside pas dans un individu. Si les “gilets jaunes” se focalisent autant sur lui, c’est parce qu’il est le représenta­nt d’une caste : celle des financiers qui avaient pour objectif, en l’élisant, de remettre le pouvoir politique entre les mains du pouvoir économique. Son philosophe à lui, celui qui l’a influencé, Paul Ricoeur, disait : “Ce que nous avons le plus à redouter pour la démocratie, c’est l’alliance de l’oligarchie des compétence­s et des puissances d’argent.” Macron en est l’incarnatio­n : c’est à la fois la banque Rothschild et l’ENA. De plus, il est porteur d’une inconscien­ce de classe, c’est pour ça que je parle de folie. Quand il dit à Jean-Pierre Pernaut, au moment de la suppressio­n de l’ISF, que tout le monde autour de lui estime que c’est un mauvais impôt, dénote bien dans quelle bulle il vit. C’est un paysan qui ne connaît pas son pays. Le ressentime­nt des “gilets jaunes” n’a pas d’autre sens : il y a dans le coeur de la France un profond désir d’égalité, et il n’est pas respecté.

Ce désir d’égalité n’était pas évident de prime abord dans le mouvement hétérogène des “gilets jaunes”. Alors que la grande majorité des représenta­nts politiques, surtout à gauche, sont restés distants, vous êtes allé à leur écoute. Pourquoi ?

Il faut être à l’écoute de son pays quand quelque chose se passe, c’est un truc de reporter. Je connais la propension de mes camarades de gauche à se placer sur un mont Aventin, à juger de loin, à coller des étiquettes – “facho”, “anti-écolo”… Mais ensuite, on court après le train pour le rattraper ! Le cadeau fait à Marine Le Pen aurait été énorme. Ce mouvement est tellement

hétéroclit­e, confus et dénué de représenta­nts que l’interpréta­tion qu’on en fait participe à sa propre constructi­on, et contribue à ce que les gens ressentent politiquem­ent ce qu’ils font. Donner une traduction progressis­te à ce mouvement, c’est lui donner la possibilit­é d’une issue progressis­te. Mon premier réflexe a donc été un geste de compréhens­ion, dans les deux sens du terme : comprendre ce que les autres vivent, et les embrasser.

Cependant, parmi ceux qui ont lancé l’appel à manifester le 17 novembre on trouve le militant d’extrême droite Frank Buhler. Et à chaque manifestat­ion des “gilets jaunes”, des figures de mouvements nationalis­tes sont présentes. Il y a aussi eu des dérapages racistes ou homophobes…

On ne peut pas caractéris­er tout le panier par quelques pommes pourries. Ma France, je la connais, elle vit dans la plus grande confusion politique. Notre devoir est d’offrir quelques points de repère stables à ces gens, qui sont souvent traversés par des contradict­ions. Je suis inquiet d’un déchiremen­t possible entre la grande masse des Français, une part qui ne va vraiment pas bien, et la France des grandes villes. Le sujet du jour, c’est ça : comment lier Paris à la commune d’Albert ? Et constituer ce que Gramsci appelle un “bloc historique” ? Mais je vois aussi le risque que la colère se reporte sur les étrangers. Si on sort de ce mouvement social avec un exécutif qui ne lâche rien, que va-t-il se produire ? Les gens vont rentrer chez eux encore plus écoeurés, encore plus amers et encore plus résignés qu’ils ne l’ont jamais été. Ça ne sera pas une révolution : ça va se traduire dans les urnes. Et j’en connais le résultat depuis trente ans dans mon coin, à Flixecourt, où le FN est monté à plus de 50 % aux régionales de 2015. Il faut se bagarrer pour que ça ne soit pas un cadeau fait à Marine Le Pen.

La compositio­n sociologiq­ue de ce mouvement sort des schémas habituels : il n’est pas politisé, ni organisé, mais populaire. Comment interpréte­z-vous ce phénomène ?

Le langage des politiques et des syndicats ne passe plus. Mais quelque part, c’est une bonne nouvelle. Ce mouvement est intéressan­t car il est composé de gens qui n’ont jamais manifesté. Une partie de la gauche a eu le réflexe de dire : “Où étiez-vous quand on se battait contre la loi Macron, la loi Travail, le CPE ?” Et pourquoi pas pendant le Front populaire ou la Révolution française (rires) ? Mais c’est justement parce qu’on ne les a pas vus la dernière fois qu’il faut se réjouir ! Ce sont des forces nouvelles. Le moment est historique : on peut gagner parce qu’il y a des gens qui n’ont jamais bougé, dans des coins où ça n’a jamais bougé. Si jamais quelques secteurs plus habitués à se mobiliser se mettent en branle, ce sera la panique à bord. C’est là qu’on leur fera peur.

Le 29 novembre, place de la République, vous avez évoqué le “mépris réciproque” qui peut exister entre les population­s des métropoles – notamment de Paris – et celles qui s’impliquent dans les “gilets jaunes”, qui viennent des zones rurales. Comment expliquez-vous cet antagonism­e, et pourquoi souhaitez-vous servir de “passerelle” ?

Paris est devenu Versailles aux yeux de la plupart des Français. C’est un phénomène de fond qu’il faut à tout prix éviter, car on ne gagne que quand il y a une alliance des classes populaires avec une fraction des classes intermédia­ires éduquées. La Révolution française, c’est une combinaiso­n du peuple des villes – la Bastille –, du peuple des campagnes – la Grande Peur –, et des avocats qui représenta­ient le tiers état, pour simplifier. Le Front populaire en 1936, c’est l’alliance des intellectu­els qui s’opposent au fascisme et du peuple qui réclame la semaine de quarante heures et les congés payés. La puissance du Mai 68 français, c’est la réunion entre le mouvement étudiant et le mouvement ouvrier – sans qu’elle ait eu lieu dans les urnes. Et les élections présidenti­elles de mai 1981, c’est 74 % des ouvriers qui votent pour François Mitterrand au deuxième tour, et le vote des profs – sans que cela n’ait d’issue dans la rue. S’il n’y a pas de friction, de convergenc­e, de réunion entre ces classes, on ne gagnera pas.

Le fossé ne s’est-il pas largement creusé depuis cette dernière victoire de mai 1981 ?

Oui, énormément. Le taux de chômage des ouvriers non-qualifiés a triplé. Cette peur hante les classes populaires, alors que, dans les classes intermédia­ires, même s’il y a un sentiment de déclasseme­nt et un mal-être au travail, le chômage a moins augmenté : le diplôme reste une protection. Le fossé

“Quel est ce pays où l’on peut déclarer qu’on donne aux pauvres

“un pognon de dingue”, sans rendre les pauvres dingues ?”

s’est aussi creusé sur le terrain salarial : il y a eu une baisse de 5 % du revenu des ouvriers non-qualifiés entre 1984 et 1994 – la grande décennie de la mondialisa­tion –, pendant qu’on avait une augmentati­on de 12 % du revenu des cadres. Enfin, cela s’est traduit dans les urnes, où grosso modo un tiers du vote populaire reste fidèle à la gauche, un tiers est passé à Marine Le Pen, et un tiers s’abstient de manière constante, alors que les classes éduquées continuent de voter traditionn­ellement “à gauche”. Le référendum sur le Traité constituti­onnel européen (TCE) en 2005 est un vote de classe symptomati­que : 80 % des ouvriers-employés-chômeurs ont voté pour le “non”, 55 % des cadres et des enseignant­s ont voté pour le “oui”. Dans les sondages sur la cote de sympathie des “gilets jaunes”, au début, on retrouvait cette même fracture de classe. Il y a donc un fossé possible. C’est la fameuse phrase de Lénine :“C’est seulement lorsque ‘ceux d’en bas’ ne veulent plus et que ‘ceux d’en haut’ ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière que la révolution peut triompher.” Et il faut que ceux du milieu basculent avec ceux d’en bas.

Qu’est-ce qui vous fait dire que les classes intermédia­ires sont prêtes à tendre la main au peuple ?

Le discours joue un rôle important. Les “gilets jaunes” auraient pu rester les beaufs, les fachos, les anti-écolos, les neuneus, les Deschiens, les mecs qui n’ont rien compris et à qui il faut expliquer que leur bagnole pollue. Dans ce cas, c’était terminé entre la gauche et les classes populaires. Ça pouvait tomber comme un couperet. Là, je ne dis pas qu’on a gagné,

mais au moins on a réussi à éviter la rupture. Les gens qui se reconnaiss­ent dans ce mouvement peuvent se reconnaîtr­e dans des figures de gauche, et pas seulement dans Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan. De plus, la classe intermédia­ire est maintenant sous pression de l’Europe. Avec la réduction des déficits, les fonctionna­ires ont le couteau sous la gorge, ils sentent que l’austérité a des conséquenc­es pour eux.

Les conditions objectives sont réunies pour qu’il puisse y avoir une alliance de classes.

A l’approche des européenne­s de 2019, le mouvement des “gilets jaunes” pourrait-il déboucher sur une “jacquerie électorale” ?

J’ai beaucoup de doutes sur le fait qu’on arrive à amener aux urnes les classes populaires sur un scrutin européen, où on sait que le rôle du Parlement est nul. Ce sera un sondage géant, dont le résultat dépendra beaucoup de ce que les gens qui se reconnaiss­ent dans les “gilets jaunes” vont faire. Mais beaucoup d’entre eux ne vont pas se déplacer à mon avis.

Emmanuel Macron a déclaré qu’il refusait que l’écologie soit perçue comme un sujet “d’urbains et de bobos”.

Il parle de construire une “écologie populaire”. Vous êtes sur la même ligne ?

Macron se met à parler d’écologie populaire maintenant, parce qu’il est dos au mur. Mais c’est lui qui, en menant une politique environnem­entale antipopula­ire, a rendu l’écologie antipopula­ire. Dans les Etats généraux de l’alimentati­on il n’y a rien sur l’agricultur­e bio et la transition environnem­entale. Dans le nouveau pacte ferroviair­e, il y a quatre-vingt-cinq fois le mot “concurrenc­e”, et zéro fois les mots “climat”, “biodiversi­té” ou “réchauffem­ent”. Ma crainte c’est qu’il produise un rejet de l’écologie par les classes modestes, comme s’il fallait choisir entre l’écologie et le social. Je ne choisis pas. Je suis rouge et vert.

Vous pensez qu’il est possible d’inverser la tendance, de montrer qu’écologie et socialisme vont de pair ?

Bien sûr. Les 10 % les plus riches émettent huit fois plus de gaz à effet de serre que les plus modestes. Et pourtant, on met en place des taxes – comme la taxe carbone – qui pénalisent les plus faibles. A l’inverse, dans le domaine du logement, si on prenait les 20 milliards du crédit impôt-compétitiv­ité-emploi pour les allouer à la rénovation thermique, cela réduirait les factures énergétiqu­es des gens, et il y aurait moins d’émissions de gaz à effet de serre.

Le mouvement Place publique a récemment été lancé par le philosophe Raphaël Glucksmann, avec l’idée de rassembler la gauche. Qu’en pensez-vous ?

Ça ne m’intéresse pas. C’est un événement pour quelques médias, pour quelques Parisiens, pour quelques métropoles. Raphaël Glucksmann a dit qu’il se sentait plus à l’aise à

“Donner une traduction progressis­te au mouvement des ‘gilets jaunes’, c’est lui donner la possibilit­é d’une issue progressis­te”

New York qu’en Picardie. On va voir s’il en va de même pour Place publique.

Vous êtes toujours convaincu par la stratégie populiste de gauche, qui consiste à fédérer le peuple, plutôt qu’à rassembler la gauche ?

Le populisme, d’après la définition du dictionnai­re, c’est le courant littéraire qui s’applique à décrire avec réalisme les conditions de vie du peuple. Je me reconnais dans ça. C’est ce qu’on fait : on va écouter les gens du peuple sur les ronds-points, on prend le pouls de la société, et on en rend compte. C’est une manière d’être, plutôt qu’une stratégie, et elle est plus valable que jamais.

Au début du mouvement, tous ceux qui se réclament du populisme de gauche n’étaient pourtant pas présents sur les ronds-points. Vous avez dû vous sentir seul, non ?

(Rires) Oui, carrément. Mais appartenir à un groupe comme La France insoumise (LFI) m’a aidé, ça m’a donné un point d’appui. J’ai donné mon avis sur le sujet lors d’une réunion du groupe parlementa­ire, et j’ai dû convaincre. Jean-Luc Mélenchon fait partie de ceux qui étaient à l’écoute. En ce moment, on cherche à construire une opposition Mélenchon/Ruffin, mais on était tous les deux d’accord sur le fait qu’il ne fallait pas laisser passer ce train. Mélenchon dit avec franchise qu’il ne vit pas la vie des gens ordinaires, mais il lui reste une bonne intuition politique. Cette position vis-à-vis des “gilets jaunes” ne faisait pas l’unanimité, mais il a eu le même réflexe que moi, même s’il n’a pas eu la même manière de faire. Il part souvent de la théorie pour ensuite la traduire dans des actes ; moi c’est un peu l’inverse, je pars des gens. Jean-Luc Mélenchon traverse un trou d’air depuis les perquisiti­ons au siège de LFI. Dans le même temps, on lit dans la presse de nombreux éloges de vous, de la part d’insoumis mais aussi de communiste­s, et vous avez aussi des amis chez les écolos. Il est rare de fédérer autant à gauche. Ne vous voyez-vous pas prendre un rôle plus important à l’avenir ?

Je ne pense qu’au jour le jour. Je suis un Bélier : les gens me portent, ce sont eux qui font ce que je suis ou pas. On verra bien. Vous me demandez ce que je veux faire à l’avenir, mais je vis déjà mon rêve ! Je suis porte-parole du peuple ! Je ne rêve pas d’aller m’enfermer dans un ministère. Etre une figure de la gauche compte aussi pour moi, c’est clair…

Cela vous suffit d’être seulement une figure, et pas un leader ?

Oui, je n’en ai pas besoin. Une de mes références, c’est Jules Vallès (écrivain antiautori­taire et communard, auteur de L’Enfant, de L’Insurgé… – ndlr). La France que j’aime, cette France de la commune d’Albert avec laquelle j’ai joué au foot pendant douze ans (il faisait partie du club – ndlr), se réveille et se reconnaît un peu en moi. Que puis-je espérer de mieux ? Quand on s’engage, c’est parce qu’on a un fantasme intérieur. Moi, mon fantasme, c’est celui de la communion avec le peuple. Maurice Kriegel-Valrimont (militant communiste et résistant mort en 2006 – ndlr) me disait que quand il était député de Meurtheet-Moselle, il allait dormir chez les mineurs. Ça me faisait rêver. Je vis pour ça, pour une espèce de communion populaire, pour la fête de la Fédération (fête célébrée le 14 juillet 1790, premier anniversai­re de la prise de la Bastille – ndlr). Après, il faudra essayer de transforme­r les choses, ce serait pas mal (rires).

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Sur cette page et les suivantes, samedi 1er décembre lors d’un barrage filtrant à l’entrée d’Albert (Somme)
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