Les Inrockuptibles

Thomas VDB

Cool et déjanté, il met beaucoup de lui dans Bon chienchien

- Bon chienchien Le 8 décembre, 16 h 30 et 20 h 30, La Cigale, Paris XVIIIe TEXTE Pierre Siankowski PHOTO Renaud Monfourny

ON SE SOUVIENT AVOIR CROISÉ LA ROUTE DE THOMAS VDB, AU DÉBUT DES ANNÉES 2000, lorsqu’en confrère critique rock il nous accompagna­it à Londres, par exemple, pour interviewe­r Arcade Fire et en faire un papier cool dans Rock & Folk, qui nous rendait un peu jaloux. Il y avait ça, et il y avait surtout l’après-boulot, où le même Thomas VDB nous faisait pleurer de rire en nous racontant ses moments les plus gênants ou, un peu plus tard dans la soirée (et souvent un peu plus “loin”), essayait de nous convaincre avec une mauvaise foi incroyable et une énergie dingue que Queen était le meilleur groupe du monde – en nous arrosant de faces B téléchargé­es illégaleme­nt sur son ordi ouvert au milieu de sa chambre d’hôtel. Thomas VDB aime Queen, mais à son crédit c’est aussi le plus grand fan mondial des Sparks et de Spoon, l’honnêteté nous oblige à le préciser.

Dix ans plus tard, c’est toujours avec le même plaisir que l’on croise la route du gars VDB, où que l’on se déplace dans les salles où il donne ses spectacles. Parce que le mec, on vous le dit, n’a pas bougé d’un pouce, et des comme ça, on les compte sur les doigts de la main de Maurice Herzog – des mecs, pas des pouces, donc. On l’avait laissé voilà plusieurs lustres avec un précédent one-man, qui portait purement et simplement le meilleur titre jamais trouvé pour un seul en scène – Thomas VDB chante Daft Punk, respect – et depuis quelques mois c’est avec Bon chienchien qu’on le retrouve, l’oeil torve à souhait et le cheveux toujours un peu fou (spectacle qu’il jouera à la Cigale le 8 décembre prochain à 16 h 30 et

20 h 30 pour une double perf inratable).

A quelques heures de passer sur l’antenne de France Inter pour le Par Jupiter ! de Charline Vanhoenack­er, Alex Vizorek et Guillaume Meurice, où il se rend chaque semaine, VDB s’intalle en face de nous aux Ondes, près de la Maison de la radio, où il porte un pull de ski comme on en n’avait pas vu depuis un week-end dans les Vosges en décembre 1983.

Le garçon est ouvert à la discussion et répond avec une grande honnêteté aux questions qu’on lui pose, notamment au sujet de ce personnage qui traverse Bon chienchien et qui – on en a l’impression – est assez proche de lui. “En effet, le seul truc dont je suis sûr, c’est que mon perso de stand-up n’a jamais été aussi semblable à ce que je peux être dans la vraie vie. Avant, je faisais des conférence­s un peu rigolotes sur le rock ou la musique, et là c’est beaucoup plus proche de ce qu’est d’ailleurs le propos du stand-up en général : raconter sa propre vie.” Pour ce nouveau spectacle (“mon sixième si on compte ceux de rue”, dit-il) c’est effectivem­ent le VDB stoner qu’on aime tant, sorte de Seth Rogen à la française, qui se trimballe sous nos yeux. Il est question de paternité, de jihad, de vinyles, de chienchien bien entendu, et tout cela coule de source et on rit à pleine gorge. “Avec Bon chienchien, je me sens plus spontané qu’avant. J’ai l’impression d’avoir trouvé le personnage : nonchalant, hirsute, un peu stoner comme tu dis, ouais.”

Ce one-man show, VDB l’a chauffé au Paname Art Café en compagnie de Kader Aoun, qui le suit depuis plusieurs années. “J’habitais à l’époque à quatre stations de là-bas, j’y allais tous les soirs, c’était devenu une obsession. J’y ai peaufiné mes blagues, plus ça allait plus j’épurais.”

Presque en même temps, c’est la naissance de son fils. Autre truc qui le libère d’un coup d’un seul. “J’avais envie de raconter la paternité mais du point de vue du mec qu’on voit sur scène et qui dit clairement que c’est un fumeur de cannabis. Je me pose moins de questions qu’avant, je m’en fous un peu de ce que les gens vont penser, j’ai juste envie de m’amuser.” VDB a gagné en confiance, que ce soit sur Inter, sur W9 pour sa pastille avec Mathieu Madénian, sur Deezer où il podcaste pour le meilleur et bien entendu sur scène.

“Il y a beaucoup de questions auxquelles j’ai compris qu’il n’était pas utile de répondre. J’ai pris conscience que j’étais là pour divertir et je me mets moins de pression.”

Depuis quelques mois, c’est à la campagne qu’il vit avec sa femme et son fils, et ça lui fait une belle peau. De son nouveau refuge, il a toujours ce regard oblique sur le monde, mais neuf à la fois. “Au début, tu vas aux émissions où on t’invite pour raconter des conneries. Et puis, au bout d’un moment, tu te trouves ridicule, tu te fais vanner sur Twitter et tu te dis que le bon réflexe c’est de refuser d’y aller. Moi au départ j’allais à tout, le seul truc que je n’ai pas fait c’est Fort Boyard”, explique VDB en rigolant. Il nous explique qu’il s’est mis à l’écriture et planche sur un livre qui devrait parler de lui et de musique. “C’est un projet qui me tient à coeur. Je bosse vachement dessus, avec un plaisir incroyable.” On lui demande s’il y sera question de Queen, et le garçon, bien entendu, répond que oui. On vous l’a dit, il y a encore heureuseme­nt des gens qui ne changent pas. Longue vie à Thomas VDB.

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