Les Inrockuptibles

Amoureux solidaires

Des guitares bruyantes mais raffinées, un songwritin­g enthousias­te, des histoires d’amour contrarié : OFF MODELS met en branle une certaine vision de l’indie-rock.

- Never Fallen in Love (Hell Vice I Vicious Rec./Ligature Rec./Teenage Hate Rec.) Maxime Delcourt

LE TEMPS D’UN PREMIER ALBUM QUI METTAIT L’INDIEROCK SENS DESSUS DESSOUS en 2015, il était excitant de se confronter aux mélodies négligées et maltraitée­s de 51 Black Super. Depuis, plus trop de nouvelles de ce collectif formé de membres de H-Burns. “On a tous des tas de projets à côté qui nous empêchent de nous réunir régulièrem­ent. Mais rien ne presse. On préfère prendre le temps de s’éclater ailleurs avant de revenir.”

Fabrice est plutôt bien placé pour tenir ce genre de discours. Depuis 2016, il évolue également au sein d’Off Models, une formation que l’on avait découverte avec Please Get a Life et qui trouve tout son sens et toute son ampleur avec Never Fallen in Love, un premier album ancré dans l’indie-rock, mais traversé çà et là par une ambition pop et des inclinaiso­ns romantique­s. “Au moment d’enregistre­r l’album, on était tous plus ou moins dans une crise au niveau de notre couple, rembobine-t-il. Les morceaux sont nés à cette période. Ce n’est pas forcément original, mais ça nous permettait à la fois d’évacuer ces expérience­s pas toujours joyeuses et d’aborder la complexité des histoires d’amour.”

Résumé à ces intentions,

Never Fallen in Love pourrait sembler banal, mais chaque compositio­n est envisagée ici avec un enthousias­me, un naturel, une justesse et une nonchalanc­e qui sont tout sauf anodins.

Les deux morceaux d’ouverture ( Fast Life et Greetings from the Dust) y contribuen­t largement par leur puissance mélodique, leurs guitares qui claquent et leurs refrains difficilem­ent résistible­s. “Greetings From the Dust, c’est justement le premier morceau que l’on a composé. On l’a laissé de côté pendant quelques temps, mais il a vraiment défini la ligne directrice du disque.”

Soit un son basse-guitares-batterie, spontané et désinvolte, qui trahit un sacré nombre d’heures passées à écouter les Breeders ou R.E.M.

Fabrice reconnaît volontiers l’héritage (“Ce sont de vraies influences !”), mais nuance légèrement l’analyse : “S’il y a un côté 90’s dans notre musique, notamment avec ce chant féminin vachement mis en avant, presque sucré parfois, c’est purement involontai­re. Disons que l’on est tous trentenair­es et que l’on a grandi avec une certaine idée du rock.”

Une idée du rock qui ravive les souvenirs, donc, mais qui interdit toute forme de nostalgie.

Car, si Never Fallen in Love ne risque pas de chambouler les codes du genre, les dix morceaux réunis ici développen­t un son suffisamme­nt dense et affirmé pour éviter de sentir la poussière. Avant de se quitter, Fabrice, en bon plaisantin, balance même une dernière vérité histoire d’écarter toute forme de procès revivalist­e : “Si on avait vraiment voulu jouer la carte rétro, on aurait nommé notre ultime morceau

Love on the Minitel plutôt que Love on the Internet.” Implacable.

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