Les Inrockuptibles

Félix Maritaud

- Marilou Duponchel PROPOS RECUEILLIS PAR

Dans Sauvage de Camille Vidal-Naquet il fut la sensation du dernier Festival de Cannes, en jeune prostitué amoureux. On l’a aussi vu dans Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez et dans Jonas, un téléfilm de Christophe Charrier.

“SAUVAGE” À CANNES

Sauvage m’a donné une énergie très particuliè­re ; comme si j’étais un tas de cendres et que l’on avait réveillé le brasier. Maintenant, je crache des flammes. Ce que je recherche dans le métier d’acteur c’est l’abandon, être une surface d’émotions pour des fantasmes. Cannes n’a été que joie, bonne humeur – de toute façon, je m’amuse bien un peu partout. Ça a été assez vertigineu­x. D’un coup, il y a tout un processus qui s’enclenche autour de toi. Ce qui est assez impression­nant, c’est le nombre de gens qui, sans avoir vu le film, te disent : “Je n’ai pas vu Sauvage, mais oh là là…” C’est drôle parce qu’il n’a fait que 50 000 entrées mais c’est énorme pour un film comme celui- à. En même temps je n’ai pas envie de mettre cette expérience sur un piédestal, ce serait un peu se contenter des choses qui sont déjà faites.

BERTRAND MANDICO ET LE CINÉMA FRANÇAIS

Je n’ai pas vu beaucoup de films cette année mais Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico m’a marqué. Il y a une véritable audace et il élargit incroyable­ment le spectre du cinéma français. J’ai l’impression qu’il y a un bon mood en ce moment, un espace de liberté, de création. Les gens en veulent et ça me rend vraiment heureux. Au festival d’Angoulême, nous étions avec Meryem Benm’Barek, la réalisatri­ce de Sofia, et Jean-Bernard Marlin qui a fait Shéhérazad­e. Ce sont deux films socialemen­t très forts et poétiques, qui parlent d’amour avec une grand justesse. Je suis content d’arriver dans le cinéma français à ce moment-là.

MUSIQUE

Je trouve incroyable le morceau Contre -temps de Flavien Berger avec Bonnie Banane. J’ai bien aimé aussi l’album Les Etoiles de Gros Mo, un rappeur autotuné du sud de la France. Depuis que j’ai dix ans, j’ai un walkman sur les oreilles. Je ne marche pas dans la rue sans musique.

POLITIQUE

Je suis attentif à ce qui se passe dans ce monde dans lequel je vis. Même s’il est un peu brouillon, le mouvement des “gilets jaunes” est stimulant parce qu’il y a un réel rassemblem­ent. En France, il y a un vrai danger autour des fake news. Ça cloisonne la liberté des gens, les empêche de s’exprimer. Le complotism­e est flippant, mais, dans le fond, ce sont des gens qui créent une sorte de mythologie parce qu’ils ne connaissen­t plus le monde dans lequel ils vivent. Il y a tellement de données qui les dépassent (système bancaire, politique internatio­nale) qu’ils créent ces histoires comme les Grecs inventaien­t des mythes pour comprendre le monde.

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