Les Inrockuptibles

Clara Luciani

Clara Luciani

- Carole Boinet PROPOS RECUEILLIS PAR

Un album, Sainte Victoire, qui connaît un succès éclatant, de la cryothérap­ie à Genève et un rêve pour 2019.

A quoi as-tu pensé quand on t’a parlé d’un “bilan 2018” ?

A l’album évidemment ! Je dis toujours que ça a été comme une naissance avec une gestation de plus de neuf mois. Comme si j’avais accouché et que je pouvais tenir mon bébé dans mes bras. Il y avait un truc hyper physique. Pendant les balances à Solidays cet été, alors que la façade n’était pas allumée, le public chantait toutes les chansons. Un truc fou. J’avais les larmes aux yeux. J’ai réalisé que La Grenade tenait de l’hymne. Donc 2018, meilleure année jusqu’ici ?

J’ai même rencontré Françoise Hardy, mon idole ! C’est un des plus beaux moments de ma vie. Quand j’ai appris que j’allais la voir, j’ai appelé mon père.

Il m’a dit : “Mais si on avait dit ça à notre ado de 15 ans qui écoutait ses vinyles dans sa chambre !” Françoise avait dit dans la presse qu’elle avait bien aimé mon album et Radio Nova a organisé cette surprise. Au départ, ils m’ont cachée dans une pièce.

Mais je mourais de stress et ils ont accepté de nous présenter avant. J’attendais dans la salle et j’entends sa voix d’abord, reconnaiss­able entre mille. J’étais comme une dingue. Elle a été géniale, hyper encouragea­nte et brillante. Elle m’a dédicacé son disque : “Pour Clara, une de ses plus grandes fans, Françoise”. De battre mon coeur s’est arrêté (rires) !

Ça te projette dans un futur d’artiste ?

Je trouve ça beau de chanter toute sa vie, d’accepter que sa voix change. J’ai adoré Negative Capability de Marianne Faithfull, on entend dans sa voix tout ce qu’elle a vécu. J’ai finalement peu écouté de musique, ce sont plus des livres qui m’ont marquée cette année, notamment Ecrire la vie d’Annie Ernaux. J’étais très stressée par rapport à l’écriture. Je me disais que si je ne vivais plus de chagrin d’amour, je ne pourrais plus écrire puisque c’est ce qui m’avait inspirée. Ce qui m’a rassurée avec Ernaux, c’est qu’elle montre à quel point il est possible d’écrire sur le quotidien, la banalité. L’intérêt réside plus dans notre perception de la chose que dans la chose elle-même.

Ton single La Grenade est devenu un hymne féministe. Tu l’avais anticipé ?

Je n’avais pas placé le curseur à ce niveau, mais c’est raccord avec mes idéaux. Ce qui m’agace par contre, c’est que comme mon album est sorti à un moment où on parlait beaucoup de MeToo, ça a été central dans les commentair­es. Alors qu’il y aurait eu plein d’axes intéressan­ts, comme mon rapport à mon corps. Il n’y a pas beaucoup de chansons de femmes qui parlent de leur corps. Moi, il m’encombre souvent. Ecrire à ce propos m’aide à l’accepter. Je mesure 1,82 m, ça n’a pas été facile tous les jours (rires).

As-tu fait un truc qui t’a surprise cette année ?

J’ai testé la cryothérap­ie à Genève ! T’es dans une espèce de néocercuei­l en acier à moins 60 °C et c’est censé te rebooster !

Si tu devais faire un duo l’année prochaine ?

Je peux rêver ? PJ Harvey ! Et Nick Cave ! Un trio !

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