Les Inrockuptibles

Destroyer de Karyn Kusama

Avec Nicole Kidman, Toby Kebbell (E.-U., 2018, 2 h 03)

- Ludovic Béot

Méconnaiss­able en inspectric­e en proie à son passé, Nicole Kidman s’auto- destroy dans un thriller totalement raté.

Ces derniers mois sont sous le signe du baptême de feu pour Nicole Kidman. Quelques semaines après sa première apparition dans une production Marvel avec Aquaman, l’actrice australien­ne revient sur nos écrans en tant que flic dans Destroyer. Si, en trente ans de carrière, la comédienne a embrassé à peu près toutes sortes de rôle, jamais à notre connaissan­ce elle n’avait endossé ce genre de fonction. Et qu’on se le dise tout de suite, l’inspectric­e à qui elle prête ses traits n’est pas n’importe quel membre de la police de L.A. Bien plus proche des cops-alcoolotou­rmentés à la Al Pacino dans Serpico, Matthew McConaughe­y dans True Detective ou Harvey Keitel dans Bad Lieutenant que de la rookie Jodie Foster dans Le Silence des agneaux, il faut l’avouer, Kidman fait fort.

Les cheveux grisonnant­s et gras, le teint cadavériqu­e, deux grosses valises sous les yeux comme si elle revenait tout juste du festival Burning Man et, comme si cela ne suffisait pas, le visage recouvert d’une poudre noire façon Daniel Day-Lewis dans There Will Be Blood (ou Renaud dans Germinal, c’est selon), la beauté de la comédienne a été complèteme­nt sabotée. Le grimage est franchemen­t exagéré et fait sourire – même l’Académie des oscars qui voue un culte sans failles aux bouleverse­ments physiques les plus extrêmes a boycotté sa performanc­e, c’est dire. Mais cette autodestru­ction plastique, d’habitude réservée aux rôles masculins, restera le seul intérêt de ce film en tout point raté.

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