Les Inrockuptibles

The Black Keys

On les croyait cramés par les tournées, fâchés à mort. Mais les BLACK KEYS sont retournés dans leur studio de Nashville pour y enregistre­r Let’s Rock, un album électrisan­t en forme de retour aux sources. Rencontre avec Dan Auerbach et Patrick Carney.

- TEXTE François Moreau PHOTO Peyton Fulford pour Les Inrockupti­bles

Rencontre avec le duo qui sort Let’s Rock, un retour aux sources électrisan­t

“LE PLUS FLIPPANT PENDANT LA PÉRIODE DE NOTRE HIATUS, C’EST QU’ON A JOUÉ NOTRE DERNIER CONCERT À SAN FRANCISCO. Je suis devenu complèteme­nt parano à cause de ça, lâche Patrick Carney, un grand verre de thé glacé à la main. C’est la ville dans laquelle les groupes viennent pour mourir, mec. Les Sex Pistols, les Beatles, The Band, toutes ces formations ont joué leur dernier show à San Francisco. On ne pouvait pas finir comme eux ; les Black Keys ne pouvaient pas rejoindre cette liste.” Histoire de noircir le tableau, le batteur de l’iconique duo made in Akron, Ohio, rajoute à son oraison funèbre le nom des White Stripes. D’après nos informatio­ns pourtant, l’ultime concert de Meg et Jack White remonterai­t plutôt au 31 juillet 2007, sur la scène du Snowden Grove Amphitheat­er, dans la bourgade de Southaven, Mississipp­i. Un détail.

Comme beaucoup de rockeurs du vieux Midwest, Patrick Carney est sensible aux mythes et légendes qui hantent l’Amérique des troubadour­s. Quitte à accorder du crédit aux superstiti­ons. Ce concert donné au Golden Gate Park, le 8 août 2015, à l’issue duquel les Black Keys décidèrent de faire une pause à durée indétermin­ée, aurait pu être le dernier et les propulser au panthéon du rock, ou directemen­t dans les oubliettes de l’histoire. Il a surtout marqué la fin d’un cycle pour le groupe, qui sortait l’année précédente Turn Blue (2014), leur huitième album, et ramenait Patrick à une époque où, adolescent, son père lui offrait son premier billet d’avion pour rendre visite à son oncle Ralph, à San Fran : “C’était un musicien lui aussi, il jouait du saxophone. Il a beaucoup joué avec Tom Waits. C’était un excentriqu­e, mais c’est l’une de mes plus grosses influences. Je suis retourné à San Francisco il y a deux ans et, je te jure, il y avait cinq fois plus de junkies et de SDF dans la rue que dans le temps. Le paradoxe, c’est qu’il s’agit de la ville où tu trouves le plus de milliardai­res aux Etats-Unis. Tous les groupes qui viennent de là-bas n’ont plus les moyens d’y vivre et se barrent à Oakland.”

En 2010, c’est plutôt à Nashville, Tennessee, que Dan Auerbach et Patrick Carney ont choisi de s’installer. Loin des gangs de motard d’Oakland et des loyers mensuels à cinq chiffres de San Francisco, mais à quelque cinq cents bornes quand même d’Akron, leur hometown. Dan, chemise de pompiste avec patch flanqué du prénom Clarence, est le premier à nous accueillir au Easy Eye Sound, Pat débarque plus tard. L’espèce de blockhaus dans lequel nous sommes, situé en bordure de la Route 31, voie rapide qui traverse le territoire du sud au nord en reliant les Etats de l’Alabama et du Michigan, est le studio d’enregistre­ment de Dan. A quelques encâblures de là, Music Row, le district de Nashville concentran­t toute l’industrie musicale locale où, en 1966, Bob Dylan mettait en boîte l’album Blonde on Blonde. “La musique, c’est le seul truc que j’ai fait de ma vie, nous rancarde Dan. Toute ma vie. Si tu me cherches, je suis dans ce studio. Chaque jour, de 9 heures du matin jusqu’à l’heure du souper. Je ne fais que ça depuis l’âge de 16 ans.”

Dan Auerbach parle comme un vieux loup de mer, le genre qui connaît tout du cirque médiatique inhérent à la sortie d’un nouveau disque des Black Keys. La question n’est pas de savoir si Let’s Rock, le neuvième album du groupe – et le premier depuis cinq longues années –, va changer la donne, mais plutôt si Dan et Patrick ont retrouvé la foi, perdue au détour d’une tournée interminab­le. A l’image des huit Grammys prenant la poussière au sommet de l’étagère remplie de vinyles estampillé­s pour certains Mississipp­i Records, le succès ressemble à un mirage ou à une gueule de bois, ou encore à un lendemain de cérémonie de remise de prix dans une salle éclairée par des néons blafards sur un plancher jonché de viande saoule et de cotillons brillants : “J’ai vu Link Wray en concert et, mec, ça a été l’un des moments les plus décisifs de ma vie. Je ne sais pas quel âge il avait, mais personne n’en avait rien à foutre. Il y avait quoi, deux cents personnes dans la salle ? Tu sais ce que ça veut dire ? Que si Link Wray a changé quelque chose dans le monde, ce que je pense être le cas, alors peut-être qu’on peut aussi faire quelque chose. Mais je ne réfléchis pas à ça, j’essaye juste de faire des disques. J’aime les disques.”

Patrick, lunettes sur le pif, affiche un air moins grave, mais reste sur la même longueur d’onde : “Les musiciens qui nous inspirent le plus n’ont jamais été têtes d’affiche du festival de Coachella. Peut-être que l’on finira comme ces groupes, peut-être pas. Mais si un gamin de 15 ans prend un jour une guitare ou commence à taper sur une batterie grâce aux Black Keys, alors là on parle de quelque chose d’important.” On aura connu des espaces de travail plus austère que le studio Easy Eye Sound. Partout, des motifs de la pop culture, des instrument­s, des platines vinyles. On trouve un flipper aussi, et une cible d’entraîneme­nt Colt Police Silhouette pas tout à fait criblée. Au mur, des photos et une collection de vestes de biker en cuir à côté d’une affiche du film The Wild Rebels, du réalisateu­r américain William Grefé ; “The wildest of the wild ones”, annonce le trailer ! Un véritable musée, cosy, chaleureux, rempli de fantômes et de passion pour tout ce qui touche de près ou de loin à l’idée que l’on peut se faire des rêves d’americana d’un kid ayant grandi en écoutant les Trashmen.

L’endroit pourrait servir de décor pour le prochain film de Quentin Tarantino, mais c’est bien à la musique que le lieu est dédié. Comme en 2012, lorsque Dan Auerbach part jusqu’à la Nouvelle-Orléans, à la recherche du légendaire Dr. John – décédé le 6 juin –, avec qui il enregistre­ra le très acclamé Locked Down sur la base des textes poétiques de cette figure tutélaire, ici, à Nashville. Ou quand, en 2017, il décide de rendre hommage à sa ville adoptive en convoquant la crème de la crème des musiciens du coin, le temps de sortir Waiting on a Song, un album solo d’autant plus rafraîchis­sant qu’il tranche avec le blues-rock bien trempé du Midwest professé par The Black Keys ou ces sauvages de Left Lane Cruiser. Tout compte fait, Dan, qui aime tant faire des disques, a sorti plus d’albums en tant que producteur qu’il n’en aura fait avec ce bon vieux Patrick Carney.

“La musique, c’est le seul truc que j’ai fait de ma vie. Je suis dans ce studio chaque jour, de 9 heures du matin jusqu’à l’heure du souper” DAN AUERBACH

Une façon pour lui de retrouver la flamme et de poser ses fesses dans une ville qu’il connaissai­t finalement assez mal, après une dernière tournée avec les Black Keys qui aura fini par cramer les deux potes d’Akron au point de remettre en question l’existence même du groupe : “Etre constammen­t sur la route est un truc de branque, mais tu te fais un paquet de pognon. Quand tu travailles si dur et si longtemps, tu as beau gagner plein d’argent, tu te rends aussi compte de ce que ça te coûte.

Et tu comprends que tu n’as plus de temps à consacrer à la musique, tout n’est que performanc­e. Tu peux vite perdre toute passion et c’est le genre de truc qui peut te foutre en l’air. Ça arrive à un paquet de musiciens. On aime trop la musique pour ça, mec. Il a donc fallu tout arrêter, faire une pause. C’était la meilleure chose à faire à l’époque”, nous confie Dan.

“Le truc, c’est qu’on a accepté de trop tourner, renchérit Pat. Quand tu es un groupe de rock qui fait un disque et que tu as la chance d’avoir une audience internatio­nale, il y a au moins vingt-cinq pays dans lesquels il va falloir que tu ailles jouer. Et dans chacun de ces pays, tu vas devoir faire deux ou trois dates. Alors bien sûr, ça représente un max de cash, mais c’est beaucoup trop de travail. La scène, c’est très gratifiant, voir une foule de 20 000 personnes réagir devant Lonely Boy, c’est une foutue sensation. Mais le temps que tu ne passes pas devant le public, ces vingt-deux heures qui te restent dans la journée, peuvent t’entraîner dans des trucs très dark. Regarde Chris Cornell, le mec s’est pendu dans sa chambre d’hôtel juste après un concert. On s’est retrouvé backstage avec Noel Gallagher là où Oasis a splitté, c’est pas trop cool ? Mais après toutes ces années sur la route le seul truc qui nous restait à faire c’était rentrer à la maison.”

Ce n’est pas tant que Patrick soit du genre nostalgiqu­e, c’est juste qu’il regarde les choses en face. Aujourd’hui, les Black Keys ont des agents aux Etats-Unis, en Europe, un peu partout. Des gens qui gagnent leur vie grâce aux coups de butoir de Pat et aux riffs de Dan. C’est une grosse machine ; une marque. Comme Nashville Music City est une marque et l’Amérique, un business. Avant que les tournées ne deviennent un problème et le circuit promotionn­el un poids, les Black Keys tournaient sans un rond en poche : “La raison pour laquelle nous avons arrêté les Black Keys tient à un seul et extraordin­aire problème qui est d’avoir connu un succès tardif dans notre carrière. C’est un truc très rare et je me sens chanceux. Mais quand on a commencé à tourner, ce n’était pas très confortabl­e, on ne touchait rien et ça a duré des années. En même temps, on jouait dans des clubs et des salles moyennes, les plus gros lieux qu’on pouvait faire, c’était des salles comme la Cigale, à Paris. On avait le temps de faire le tour de la ville, à l’époque. On se prenait une bière, on bouffait dans des restaurant­s. Quand tu joues dans des stades, tu es à vingt minutes en dehors de la ville, au milieu de nulle part, tu es coupé de tout.”

En février 2016, deux ans après la sortie de Turn Blue, Dan Auerbach et sa clique de The Arcs, le groupe qu’il formait avec ce génie de Richard Swift, décédé l’année dernière, se produisent sur la petite scène du Robert’s Western World, un honky-tonk du downtown Nashville, presque mitoyen du Ryman Auditorium, et réputé pour avoir accueilli quelques-uns des plus grands noms de la country. De passage en ville histoire d’enregistre­r au Easy Eye Sound avec Dan, les vieux routiers Joe Walsh et Glenn Schwartz, guitariste­s de l’emblématiq­ue James Gang, formation rock montée au mitan des années 1960 à Cleveland, Ohio, rejoignent The Arcs sur scène.

Pour ceux qui n’auraient pas suivi, Joe Walsh est celui qui a composé le solo de

“Après toutes ces années sur la route, le seul truc qui nous restait à faire c’était rentrer à la maison” PATRICK CARNEY

guitare du Hotel California des Eagles et James Gang représente, pour Dan, un totem, au même titre que Pere Ubu ou encore Devo, qui sont autant de groupes made in Ohio que Auerbach avait l’habitude d’écouter dans son Akron natal. Des légendes locales à l’égal du basketteur Lebron James aujourd’hui. La rencontre produit un électrocho­c : “J’avais l’habitude d’aller les voir en concert à Cleveland quand j’avais 16 ou 17 ans. C’était fun de jouer avec ces types de 80 ans. J’ai aimé cette passion, cette ambiance.Voir Joe à la guitare était impression­nant. Juste après cette soirée, on a décidé qu’il fallait mettre une réunion des Black Keys au calendrier. Malheureus­ement, Glenn est mort. C’est pour ça qu’on lui a dédié notre nouvel album”, se souvient Dan.

Dès les premiers accords du single Lo/Hi, et plus encore sur Eagles Birds quelques semaines plus tard, l’idée d’un retour aux sources fait effectivem­ent surface. Comme une réminiscen­ce des bouillonna­ntes sessions qui réunissaie­nt les Black Keys dans la cave de Patrick Carney au début des années 2000, à Akron. Sans personne d’autre à blâmer en cas de plantage ou d’énergie mal canalisée. Danger Mouse, qui avait coproduit les quatre derniers albums du groupe, ne figure d’ailleurs pas au générique de Let’s Rock : “C’est définitive­ment un disque qui aurait pu être fait dans l’Ohio. C’est un endroit où tu entends du rock tout le temps, partout. A chaque fois que l’on joue, c’est à cet endroit que l’on ressemble”, confie Dan. “J’imagine que l’ADN de cet album se rapproche davantage de Rubber Factory (2004) que de Turn Blue (2014), convient Patrick. Mais Dan et moi on n’a pas vraiment parlé quand on est retourné en studio. Tout s’est fait normalemen­t. Après deux semaines passées ensemble, le seul clavier que l’on avait utilisé servait juste de boîte à rythmes. On avait recréé cette énergie rock de façon complèteme­nt naturelle.”

On dit que dès le premier jour en studio, les Black Keys avaient déjà écrit un morceau, donnant ainsi le ton aux sessions d’enregistre­ment. Dan raconte : “Depuis le temps qu’on fait de la musique, on a appris à travailler vite et à savoir ce que l’on veut. Si un truc ne marche pas, on s’en débarrasse. Si, au contraire, on le sent bien, on continue de l’exploiter. C’est comme ça qu’on fait des disques. Les accords, les mélodies, tout était improvisé en studio. Quand les paroles sortaient, parfois c’était à chier et parfois c’était bien. Il arrivait aussi que je ne sache pas à quoi elles faisaient référence, mais je les gardais en me disant qu’on verrait bien.

Ce ne sera jamais comme au bon vieux temps, mais c’était fun. Je ne peux pas jouer de la guitare aussi fort avec qui que ce soit d’autre que Patrick. Tout ce que je fais à côté, c’est autre chose. Mais quand je suis avec les Black Keys, je joue fort.” Les paroles, comme il dit, gardent pourtant une force d’évocation. Dès l’ouverture du disque par exemple, sur Shine a Little Light, quand il chante “If evil lays its hands on me / Shine a little light on my soul”, comme dans un gospel sous haute perfusion blues-rock, ou encore sur Sit Around and Miss You, chanson la plus made in Nashville du disque, où il invoque de façon incantatoi­re un “Oh what made us let it go ?” biblique.

En novembre 2018, Dan Auerbach ouvre le journal local et tombe sur une informatio­n insolite dans la rubrique des faits divers. A Nashville, un condamné à

“C’est un disque qui aurait pu être fait dans l’Ohio. A chaque fois que l’on joue, c’est à cet endroit que l’on ressemble” DAN AUERBACH

mort ayant choisi l’option de la chaise électrique, plutôt que celle de l’injection létale, prononce ces derniers mots : “Let’s Rock.” Les Black Keys y voient un signe, comme une sorte d’injonction à suivre cet instinct d’urgence primitive qui a fait la marque du groupe : “J’ai lu ça dans le journal du coin la semaine où nous sommes entrés en studio et ça nous a semblé approprié. C’était comme si on nous livrait la marche à suivre sur un plateau”, se remémore le guitariste. L’album s’initulera donc Let’s Rock et c’est une chaise électrique auréolée d’un éclat rose flashy qui fera office d’illustrati­on pour la pochette du disque. Façon de signaler un retour aux vieilles méthodes, sans doute.

Patrick Carney voit ainsi des cycles dans la discograph­ie des Black Keys et Let’s Rock marque, selon lui, un retour à la première formule du groupe, celle du duo guitare/batterie : “On ne peut pas attendre de nous la même musique qu’il y a vingt ans, mais je pense qu’il fallait changer quelque chose et retourner à cette première formule. A partir de l’album Attack & Release (2008), on s’est dit qu’on pouvait faire de la musique comme un quatuor. Sur Turn Blue, on est resté concentrés sur des choses qui rataient le coche de nos intentions originelle­s, en expériment­ant pour faire un disque plus psychédéli­que. Par essence, les Black Keys, c’est Dan jouant de la guitare et moi de la batterie. Chaque chanson est construite sur cette base.”

La garantie offerte par les Black Keys de garder cette sensation d’urgence rock’n’roll est assurée par la vigilance en studio de toujours conserver une base live lors de l’enregistre­ment d’un album. Une obsession chez Dan, qui ne cherche pas la perfection mais ce qu’il appelle

“le moment”. Cet instant un peu magique, également décrit par le critique rock Lester Bangs dans les années 1970, qui donne à l’auditeur l’impression qu’il est lui aussi capable d’écrire et de jouer le morceau qu’il écoute. Sauf qu’il ne peut pas : “Je n’entends jamais quelqu’un jouer Louie Louie de façon convaincan­te. Personne ne peut jouer ça correcteme­nt, parce que c’était un putain de moment, une performanc­e, un truc humain capturé de façon spontanée. C’est ce qu’on a essayé de faire avec ce disque, capturer des moments, voir si on était encore capable de le faire”, nous dit-il. “Peux-tu imaginer un titre plus rock’n’roll que Rumble de Link Wray ?”, nous demande Patrick, en jouant l’air du morceau. “Le meilleur du rock comme le meilleur du rap, poursuit Pat, c’est l’énergie primaire la plus brute. Les gens n’arrêtent pas de demander si le rock est mort, mais je vais te dire, quand j’avais 17 ans, je détestais chaque putain de groupe qui passait sur les radios meanstream. Le rock doit être subversif. Regarde : les Stooges, undergroun­d ; MC5, undergroun­d ; Pere Ubu, Ramones, tous undergroun­d. Ils faisaient des hits mais ils étaient dangereux. Je serais content d’entendre Ty Segall ou Thee Oh Sees sur des grosses radios publiques et les voir en tête d’affiche des festivals, mais je ne veux pas entendre ces groupes sur des radios pop. Je ne veux pas vivre dans un monde où les Black Keys seraient joués après une chanson de Lady Gaga. Ce que je veux, c’est faire un putain de Surfin Bird (The Trashmen – ndlr) pour qu’un bébé puisse danser dessus et un Down on the Street (The Stooges – ndlr) qui donne à un type l’envie de quitter son job.”

Dans la cour du studio, derrière les immenses grillages au sommet desquels s’entortille­nt des fils barbelés, un type avec une casquette de routier donne un coup de Polish à la Cadillac Seville 1980 de Dan Auerbach. Le groupe nous recommande de passer chez Gabby’s, un diner situé à quelques centaines de mètres de là, histoire de s’avaler un burger avant de rentrer à Paris. L’endroit sent le graillon, les murs sont recouverts de photos d’habitués. “Certains préfèrent mettre des portraits de personnali­tés connues comme Marty Stuart ou Vince Gill”, prévient un écriteau, histoire de se démarquer. Des flics, des ouvriers, un vieux postier, tous s’envoient leur milk-shake autour du comptoir. La radio, bruyante, passe des tubes power-pop, le genre que Patrick n’aimerait probableme­nt pas. L’un des employés, avec qui on échange quelques mots, reprend en choeur le refrain du Baby Come Back du groupe Player. “Si je connais les Black quoi ?” Les Black Keys peuvent repartir en tournée, nul n’est prophète en son pays.

Let’s Rock (Warner)

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Dan Auerbach
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Dan Auerbach, Patrick Carney et Allen Parker, en enregistre­ment au studio Easy Eye Sound, en janvier

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