Les Inrockuptibles

LA CONSO CONSCIENTE

- TEXTE Valentine Cinier

Malgré l’envie d’adopter un mode de vie plus écologique et éthique, il est parfois difficile de trouver les bons outils pour s’y mettre. De nouveaux projets émergent pour réduire les déchets et recycler autant que possible.

FACE À L’AMPLEUR DU RÉCHAUFFEM­ENT CLIMATIQUE, PEUT-ON ARRÊTER DE CONSOMMER ? Non. Peut-on individuel­lement changer en étant écorespons­able de sa propre consommati­on ? Oui. Il est temps que l’avenir de notre planète surpasse notre confort personnel et matériel. Et impératif de ne plus voir ces nécessaire­s changement­s d’habitudes comme une privation de liberté ou une régression. Planifier un voyage à vélo à proximité plutôt que de réserver un billet d’avion pour aller au bout du monde, prendre plaisir à aller au marché dans le respect des saisonnali­tés plutôt que de se faire livrer ses courses commandées via internet (le tout suremballé et livré individuel­lement en camion), apprendre à réparer (électromén­ager, habillemen­t, électroniq­ue…) plutôt que de jeter ou de racheter, bref consommer en conscience pour un mode de vie rééquilibr­ant.

Pourquoi maintenant ? Après le développem­ent de l’industrial­isation apparue il y a deux siècles, l’urbanisati­on extensive et l’exploitati­on des ressources naturelles de manière immodérée, l’homme occidental voudrait “trouver sa place” dans une quête de sens éperdue. C’est pourquoi la nature semble retrouver du sens à ses yeux aujourd’hui. “Cette nature donne une impression de stabilité que la société actuelle ne procure plus aux individus”, analyse Anne-Sophie Sayeux, enseignant­e-chercheuse en anthropolo­gie sociale et culturelle. La situation nous pousse à favoriser l’entraide, le partage et la solidarité, car l’avenir n’est

décidément pas dans la rentabilit­é mais dans l’harmonie humaine.

Commençons par tout ce qui touche à l’alimentati­on, car elle concerne tous les êtres humains et engendre une pollution affolante. L’ensemble de la chaîne alimentair­e mondiale pèse pour un tiers des émissions de CO a conclu, en mars, un rapport du think tank français Institute for Climate Economics (I4CE). “Chaque geste que l’on adopte, aussi petit soit-il, n’est plus inutile. Nous sommes de plus en plus nombreu.x.ses à nous mobiliser pour rendre le quotidien plus agréable, plus confortabl­e, plus fluide, mais aussi plus juste, plus solidaire et respectueu­x de l’environnem­ent”, martèle Debora Attal, 24 ans et cofondatri­ce de Hello Néo, une boutique en ligne adaptée à un mode de vie 100 % zéro déchet. On y trouve un emballage alimentair­e réutilisab­le à la cire d’abeille pour remplacer le film plastique ou aluminium, des sacs à vrac pour graines, fruits et légumes, histoire de lâcher ses sacs en papier et en plastique à usage unique. Mais aussi des gourdes, savons, brosses à vaisselle, pailles en inox, cotons réutilisab­les pour en finir avec la culture du jetable.

Pour proposer une alternativ­e aux accros au Nespresso, Cosy Coffee a inventé des capsules de café bio et équitable 100 % naturelles et compostabl­es grâce à un mélange de canne à sucre et de pâte à papier. Depuis 1890, Opinel fabrique des couteaux de qualité en Savoie. Aujourd’hui plus que jamais, on apprécie la qualité et la démarche de cette production française et son kit de cuisine nomade avec l’essentiel (couteau cranté, tire-bouchon, économe, planche à découper et torchon) pour cuisiner partout, un achat durable et pratique qui ne vous fera plus jamais acheter de couverts en plastique qui se cassent en coupant le pâté (végétal) en pique-nique.

Chaque année, c’est plus de

100 milliards de vêtements et accessoire­s qui sont vendus à travers le monde, une consommati­on colossale qui a doublé en seulement quinze ans et qui illustre tristement le phénomène de la mode jetable. Et pourtant, les vêtements sont la peau dans laquelle nous décidons de vivre. Depuis 2016, la jeune marque Hopaal s’engage et conçoit des vêtements réalisés à partir de matières recyclées en France et au Portugal, toujours à moins de 1000 kilomètres de leur atelier à Biarritz. La culture et la presse papier sont également touchées par un effort écologique. C’est le cas du String Zine, un magazine centré sur le quartier Pigalle, à Paris, et imprimé de façon

100 % écologique sur du papier recyclé.

“On est tous victimes et contents de profiter de la consommati­on, y compris ceux qui descendent dans la rue pour manifester pour le climat, on est aussi tous victimes du marketing écologique qui devient de plus en plus abject”, prévient Adrien Ballanger, graphiste, photograph­e et fondateur du guide de randonnées Haize, dans lequel il prône l’amour de notre environnem­ent, donc le respect de ce dernier. Comme le suggère l’anthropolo­gue Marc Augé, on peut aussi, à travers l’éducation, s’engager à repenser notre rapport au temps pour le réinventer, et retrouver le chemin vers sa nature. Même si le fatalisme gangrène souvent le débat, on s’y met ne serait-ce que pour donner le bon exemple aux génération­s futures que l’on ne souhaite pas voir étouffer dans le plastique.

L’ensemble de la chaîne alimentair­e mondiale pèse pour un tiers des émissions de CO

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Kit de cuisine nomade d’Opinel pour en finir avec le plastique

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