Les Inrockuptibles

Caroline Polachek

Pang The Orchard Une belle affirmatio­n solo pour la chanteuse pop, moins indie, toujours intello mais plus sentimenta­le.

- Sophie Rosemont

ON L’AVAIT DÉCOUVERTE AUX CÔTÉS D’AARON PFENNING, avec lequel elle avait formé Chairlift, au milieu des années 2000, alors qu’ils étaient encore à la fac dans le Colorado. Très vite, le duo s’était imposé sur la scène arty de Brooklyn, mais, en dépit de l’irrésistib­le single Bruises, n’avait pas résisté à sa rupture sentimenta­le. En 2010, Pfenning se lançait sous le nom de Rewards. Tout en collaboran­t avec Devonté Hynes, Jorge Elbrecht (Violens), Charli XCX, SBTRKT ou Beyoncé (qui lui doit

No Angel), Caroline Polachek baladait sa voix suave sur des projets solitaires comme Ramona Lisa, où elle proposait une pop à la fois synthétiqu­e et baroque, ainsi que CEP, d’obédience ambient. Autant de directions qui s’entendent dans Pang. Aujourd’hui âgée de 34 ans, la chanteuse juge bon de refaire les présentati­ons. A la fois romantique, désinvolte et résigné, Pang porte bien son titre, qui désigne un pincement au coeur, brutal et soudain…

Dès l’ouverture planante à souhait,

The Gate, Polachek impose sa belle voix dans un disque coproduit par Danny L Harle du label PC Music, affirmant aussitôt son identité pop, la plus accessible possible sans laisser au vestiaire son passif indie. Plus loin,

il y a à boire et à manger : les beats dégingandé­s de New Normal, les clavecins contemplat­ifs de Hey Big Eyes, l’onirisme du japonisant Go As a Dream, le r’n’b de Hit Me Where It Hurts, la pop eighties de So Hot You’re Hurting My Feelings ou un délicieux Caroline Shut Up (dont le titre contredit malicieuse­ment un Caroline Says de Lou Reed) s’avèrent tous aussi groovy qu’introspect­ifs. Le single Door, à la fois répétitif et inventif, lui, épouse l’air du temps, mais sans opportunis­me vain.

Peuvent se faire entendre les influences (dans le désordre) de Kate Bush, Christine And The Queens, Laurie Anderson ou encore Cyndi Lauper. Bien décidée à élargir son public tout en ayant conscience de ne pas faire partie du gratin mainstream, Polachek signe un album affirmant ses ambitions artistique­s comme son identité féminine

– car c’est avant tout de cela qu’il est question : la femme de 30 ans pas si loin de celle d’Honoré de Balzac.

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