L’Acre Parfum des immortelles de Jean-Pierre Thorn
Un documentaire en forme d’autoportrait sensible d’un homme qui remonte poétiquement le fil de sa vie.
IL Y A DES FILMS QUI SONT DE GRANDES ÉPOPÉES BRUYANTES ET BRILLANTES, bien sûr, et c’est très bien. Et il y a des films qui ressemblent à une lettre que nous enverrait son auteur, écrite à la main, avec soin, posément, et c’est le cas de celui-ci.
Jean-Pierre Thorn, cinéaste qui fut toujours engagé depuis son premier court métrage Emmanuelle (ou Mi-Vie) en 1965, nous écrit d’aujourd’hui avec des images des différentes époques de sa vie, notamment de ce temps où il vivait le plus incroyable amour avec une femme qui mourut trop jeune et qui lui écrivait, elle aussi, des mots d’amour magnifiques.
Des mots et des images, en noir et blanc ou en couleurs, entremêlent le collectif et l’intime, et dressent l’autoportrait d’un homme resté fidèle à ses idées de jeunesse. Les luttes ouvrières de Mai 68 dans l’usine occupée de Renault-Flins, son engagement en tant qu’ouvrier à l’usine métallurgique Alstom de Saint-Ouen, les Gilets jaunes, etc. : les images de sa vie et de la nôtre défilent, comme un nouveau montage de ses films passés, une relecture de sa propre oeuvre avec la distance que donne le temps pour repenser les choses.
Mais Thorn ne fait pas dans la nostalgie : il filme ses amis aujourd’hui, ceux qu’on voyait dans ses films, mais aussi leurs descendants et leurs activités engagées à leur manière, parce que l’engagement peut changer de forme et s’exprimer par le spectacle, la danse – Thorn a tourné plusieurs films sur le hip-hop, dont Faire kiffer les anges (1997) et On n’est pas des marques de vélo (2002).
Film d’ici et maintenant, L’Acre Parfum des immortelles est un très joli documentaire, poétique et politique, mélancolique mais pas nostalgique.
L’Acre Parfum des immortelles de Jean-Pierre Thorn, avec lui-même, Nach, Mélissa Laveaux (Fr., 2019, 1 h 19)