Les Inrockuptibles

Vague à lame

En revisitant avec malice les codes du slasher, American Horror Story : 1984 s’offre comme une lettre d’amour à un pan d’imaginaire cinématogr­aphique.

- Alexandre Büyükodaba­s

ALORS QUE LA GALAXIE FICTIONNEL­LE BÂTIE PAR LE SHOWRUNNER RYAN MURPHY s’étend à une vitesse exponentie­lle (Feud, Pose, The Politician…), American Horror Story s’impose comme la colonne vertébrale de son imaginaire. Chaque saison de l’anthologie créée avec le compagnon de route Brad Falchuk scelle les retrouvail­les avec une troupe d’acteurs fidèles dans un élan d’exploratio­n plus ou moins inspiré mais toujours vivifiant. De la maison hantée à l’asile et de l’hôtel au freak show s’imprime depuis neuf ans un retour au centre affectif par les marges décadentes.

Cette année, Murphy, Falchuk et leurs amis ont remonté le temps pour mettre à l’honneur le slasher, sous-genre de l’horreur qui a connu ses plus belles heures dans les années 1980 et dans lequel un tueur élimine des jeunes gens à l’arme blanche. Eté 1984 : alors qu’un groupe d’amis participe à la réouvertur­e d’un camp de vacances, le terrifiant M. Jingles, qui avait massacré ses pensionnai­res quatorze ans auparavant, s’évade

de prison et retourne sur les lieux du crime...

Des tenues disco de Billie Lourd aux muscles hypertroph­iés de Gus Kenworthy en passant par l’organe improbable de Matthew Morrisson, chaque élément de cette saison résolument camp et rétro semble soumis à un principe d’exagératio­n maximal sans que l’ensemble ne se réduise à une banale parodie. Plus maniériste que méta (les citations y sont discrètes et le commentair­e secondaire), 1984 investit les codes du slasher par l’excès et soumet sa structure archétypal­e à des variations inattendue­s.

D’abord engagée sur des rails balisés, la saison révèle progressiv­ement les mailles d’une toile narrative plus retorse. Les personnage­s (et le spectateur avec eux) prennent autant de plaisir à s’y emberlific­oter que les scénariste­s à en manipuler les fils : plus qu’un hommage ou une relecture slasher, c’est une lettre d’amour ludique qui lui est adressée.

American Horror Story : 1984 sur Canal + Séries

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Emma Roberts

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