Jaakko Eino Kalevi

Dissolution Weird World/A+LSO/Sony Music De la pop électronique scintillante, venue de Finlande, pour réchauffer l’automne.

QUAND IL A COMMENCÉ SA CARRIÈRE MUSICALE au début de la décennie, Jaakko Eino Kalevi était chauffeur de tram à Helsinki. Désormais relocalisé à Berlin et musicien à plein temps, le Finlandais se spécialise aujourd’hui dans les transports hors du commun en embarquant ses auditeurs pour des destinations qui n’existent sur aucune carte. Derrière sa crinière blonde de hippie et son air perpétuellement déphasé, ce trentenaire maîtrise à merveille son art : composer, chanter et produire une electropop tour à tour planante et pétillante, cosmique et sensuelle. En ce sens, on peut le rapprocher de certains cerveaux dérangés mais brillants qui ont fait avancer la pop psychédélique et l’electro ces dernières années, en particulier Connan Mockasin, Sam Dust (Late of the Pier, LA Priest), Django Django ou bien sûr Ariel Pink. Comme cette troupe excentrique, Jaakko Eino Kalevi s’autorise les expériences les plus givrées en ignorant les frontières entre les genres. Notons au passage le nom particulièrement approprié du label qui l’accueille, Weird World (“monde bizarre” en VF), sous-division de Domino. Un an après le splendide Out of Touch, Jaakko Eino Kalevi revient avec ce minialbum, Dissolution – des titres déconnectés de la réalité qui lui vont décidément à la perfection. Il montre ici le résultat de ses récentes recherches, sous la forme de sept morceaux asymétriques. Deux instrumentaux (une courte introduction biscornue et une longue conclusion contemplative) enserrent cinq chansons. Le songwriter-producteur partage parfois le micro avec une voix féminine, celle de Yu-Ching Huang, Taïwanaise basée elle aussi à Berlin. Sur la passionnante chanson éponyme, leurs timbres se répondent dans deux langues différentes (elle en anglais, lui en finnois). Cet échange improbable, combiné à des rythmiques subtiles et à des mélodies obsédantes, est l’une des plus grandes réussites de l’album, à égalité avec le bijou suivant, I Am Looking Forward, qui s’aventure vers un funk-glam sombre et énergique. Portée par ce nomade qui ne se lassera jamais d’explorer les marges, la pop électronique est entre de bonnes mains.