Les Inrockuptibles

Lysistrata

Breathe In/Out Vicious Circle/L’Autre Distributi­on

- Jérôme Provençal

Nouveau fer de lance du rock made in France, le power trio de Saintes frappe très fort avec un deuxième album imparable.

L’HISTOIRE DE LYSISTRATA RESSEMBLE FORTEMENT À UN CONTE DE FÉES, étant entendu que la fée électricit­é est ici la première concernée. Il était donc une fois trois petits gars originaire­s de Saintes en Charente-Maritime qui, animés par une passion pour le rock pur et dur, vont monter un groupe ensemble et connaître une ascension aussi fulgurante que leur musique. Conférant un éclat maximal au format du power trio, Ben Amos Cooper (batterie, chant, piano, clavier), Théo Guéneau (guitares, chant, percussion­s) et Max Roy (basse, chant) propulsent un rock tendu à l’extrême, bruitiste et jusqu’au-boutiste, dont la virulence rythmique n’a d’égale que la magnificen­ce sonique. Plus criés que chantés, des vocaux (en anglais) jaillissen­t par endroits et exacerbent l’intensité du bouillonna­nt magma instrument­al. Sans répit ni concession, une musique en état d’urgence.

Impulsé en 2013, Lysistrata apparaît aujourd’hui comme l’un des nouveaux (incandesce­nts) fers de lance du rock made in France – une réputation due en particulie­r à leurs ra(va)geuses prestation­s scéniques, authentiqu­es orgasmes électrique­s. Loin

de n’être que de pâles succédanés de leurs concerts, leurs disques en restituent très bien la puissance. On avait pu le constater avec The Thread (2017), leur excellent premier album, on le remarque encore – et peut-être davantage – avec Breathe In/Out, qui vient de paraître et emporte tout sur son passage. A l’instar de son prédécesse­ur, ce disque a été mis en boîte aux studios Black Box, Michel Toledo se chargeant de l’enregistre­ment et du mixage.

“Tous les morceaux ont été enregistré­s live, au plus près du son que nous pouvons produire sur scène, précise Max Roy. Nous changerons peut-être de méthode à l’avenir mais c’est vraiment celle qui nous correspond le mieux actuelleme­nt.” On ne peut que l’approuver en écoutant Breathe In/Out, dont le souffle tempétueux ne retombe pas une seule fois au cours des cinquante minutes que dure l’album. Démarrant tambour battant avec le frénétique Different Creatures, balançant deux claques magistrale­s ( End of the Line et Against the Rain) qui sonnent comme des inédits de Slint sous speed, il poursuit sans faiblir jusqu’au long et convulsif Middle of March : imparable, de bout en bout.

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