Christophe

Christophe Etc. Vol. 2 Capitol Records/Universal

Entre associations fulgurantes et mariages improbables, le chanteur noctambule livre le second volume de ses duos intergénérationnels.

INFATIGABLE OISEAU DE NUIT POSÉ DEVANT SA CONSOLE D’ENREGISTREMENT entre Minuit boulevard et l’aube naissante, le Beau Bizarre de la chanson française aura donc enregistré une vingtaine de duos entre deux albums studio, dont le successeur des vertigineux Vestiges du chaos (2016) est attendu pour l’an prochain. Après un premier volume livré au printemps, où il convoquait dans un casting improbable Etienne Daho, Son Lux, Camille, Eddy Mitchell ou Nusky & Vaati, Christophe poursuit étrangement l’exercice de style vocal, lui qui aime pourtant regarder devant plutôt que dans le rétroviseur. Car c’est une demande artistique (marketing ?) d’Universal qu’il avait d’abord éconduite après l’insuccès commercial d’Aimer ce que nous sommes (2008), avant de s’y plier à l’envi dix ans plus tard. “J’aime bien revisiter mes vieux titres, au point que j’aurais pu réaliser un triple album”, nous confiait-il chez lui au printemps dernier. Mélangeant comme

sur le précédent volume les générations (d’Arno à Feu! Chatterton, de Philippe Katerine à Juliette Armanet) et les univers (de l’actrice Laetitia Casta au tandem belge Vive La Fête, de la chanteuse Mathilda à l’électronicien Superpoze), Christophe pioche dans son répertoire, au point même de reprendre avec Juliette Armanet le tube de Corynne Charby, Boule de flipper (1987), qu’il avait composé.

Si on peut s’interroger sur la pertinence de duettiser en 2019 avec Pascal Obispo, Christophe plonge Le Beau Bizarre dans un sommet de noirceur avec Arthur Teboul de Feu! Chatterton, dont la voix grave s’accommode à merveille de ses trémolos. Dans un autre registre, il s’associe avec le génial Philippe Katerine pour une version aussi fervente et sincère qu’irrévérencieuse de son slow le plus célèbre (Aline). Une qualité qui manque à d’autres interprètes croulant sous le poids du mythe du dernier des Bevilacqua.