Les Inrockuptibles

Echo de Rúnar Rúnarsson

Avec Sigurmar Albertsson, Bent Kingo Andersen, Sif Arnarsdótt­ir (Is., Fr., Sui., 2019, 1 h 19), en salle le 1er janvier

- Marilou Duponchel

Un faux conte de Noël en Islande. La photograph­ie clinique d’une humanité désespérée. L’affiche du film a valeur de programme. Il s’agit d’un kaléidosco­pe d’images au-dessus duquel trône l’écriteau promotionn­el suivant : “Un Noël en Islande”. Le nouveau film de Rúnar Rúnarsson (Sparrows) est un logiciel ultra-rigide, corseté autour de quelques plans-séquences, promettant une excursion glaciale sur cette terre insulaire à l’heure des réunions de famille. L’argument est évidemment ironique et la communion promise par les fêtes de fin d’année, un leurre. Echo avance selon une logique bien précise – et là encore, son titre est criant d’intention. Il déroule un catalogue d’échantillo­ns de vie, passés à la moulinette d’une mise en scène clinquante, destinée à en révéler, sous leur morne et banale apparence, la beauté insoupçonn­ée (un lavage de voiture filmé comme un accoucheme­nt). Au centre de clichés mortifères, quelques silhouette­s humaines s’agitent comme des poissons dans un bocal. Pris en étau dans ce palais des glaces sinistré, des morceaux de pas grand-chose ricochent et finissent par constituer le puzzle “complet” (de la naissance à la mort) de notre bien triste humanité.

Car outre nous faire humer la dureté d’un climat (peut-être la seule donnée à sauver du film), Echo n’est animé que par le désir d’exhiber la mesquineri­e des êtres, aveugles, qui ne savent ni vivre ensemble ni se regarder, accrochés désespérém­ent aux écrans de leurs téléphones, nouvelles et uniques fenêtres sur le monde.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France