Les Inrockuptibles

L’Art du mensonge de Bill Condon

Avec Ian McKellen, Helen Mirren (E.-U., 2019, 1 h 50), en salle le 1er janvier

- Jacky Goldberg

Un récit en charentais­es qui tombe à pic pour qui veut compter ses points retraite.

L’Art du mensonge a tout du dinosaure, et l’on peut quelque part se réjouir qu’un tel film trouve encore le chemin des salles, à l’heure où, lit-on, les studios n’ont plus d’yeux que pour les franchises, tandis que les plateforme­s de streaming régurgiten­t ce genre de contenu “pour adultes”. Hélas, l’animal en question ressemble davantage à un vieux crocodile arthritiqu­e qu’à un fier vélocirapt­or. Réalisé par le passe-partout Bill Condon (dont la carrière d’absolu faiseur a su embrasser aussi bien Candyman 2 , La Belle et la Bête, Twilight 4 et 5 que Dreamgirls), L’Art du mensonge réunit Ian McKellen (l’acteur fétiche du cinéaste, sans doute le seul point fixe de sa filmograph­ie) et Helen Mirren dans un film d’arnaqueurs, où le premier tente de mettre la main sur le magot de la seconde. Bien sûr, rien ne se passera comme prévu, au terme d’un récit en charentais­es alternant scènes de tea time entre retraités (sans doute la chose la plus déprimante qu’on puisse projeter sur un écran), rebondisse­ments invraisemb­lables et twists téléphonés… Reste un détail amusant. Lors de leur premier date, nos deux boomers vont voir Inglouriou­s Basterds au cinéma. En sortant, McKellen est circonspec­t : et si les millennial­s, qui n’ont pas connu la Seconde Guerre mondiale, prenaient la fantaisie tarantinie­nne pour argent comptant ? Mirren le rassure : ils ne sont pas nés de la dernière pluie. Pour un peu, on croirait qu’elle nous fait un clin d’oeil.

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