Les Inrockuptibles

A Girl Called Eddy

Been Around Elefant Records/Differ-Ant

- Sophie Rosemont

La chanteuse américaine affirme son timbre d’or et son don mélodique dans un second album solo attendu depuis 2003. De quoi réchauffer les plus difficiles des hivers.

LA REVOICI, ENFIN. APRÈS DES DÉBUTS DANS LA SCÈNE TRIP-HOP anglo-saxonne des années 1990 et un premier album produit par Richard Hawley en 2004, Erin Moran s’est illustrée ici et là sans trop en faire. Avant cela, il y eut des choeurs chez Ron Sexsmith, une rapide participat­ion au titre Rings Around the World de Super Furry Animals et le rôle d’une jeune étudiante américaine sur Parlez-vous anglais, Mr. Katerine ?, en 1996. D’ailleurs, nous glisse-t-elle en faisant mine de plaisanter, elle aimerait beaucoup qu’il la rappelle. C’est en 2018, seulement, qu’on l’a vue réinvestir les studios avec The Last Detail, projet entrepris avec Mehdi Zannad, avec lequel elle prépare un nouveau volet. Aujourd’hui, elle revient seule et surdouée avec Been Around.

“J’avais le sentiment d’avoir quelque chose à prouver, plus à moi-même qu’aux autres, explique-t-elle. La mort, la maladie, le divorce ont trollé ma vie ces quinze dernières années, et même si je voulais absolument faire ce disque, il a été très difficile à accomplir. Comme le disait Brian Wilson, j’avais un feeling tone que

je voulais exprimer sur l’album, un coeur plus libre.” L’élégance, ici, est orchestral­e, vocale, textuelle, mélodique. Et ce dès l’ouverture Been Around, majestueux manifeste : “J’en ai assez vu pour savoir que rien n’est jamais certain, pour connaître l’histoire, savoir comment elle se termine, pour sécher quelques larmes, pour que les années marquent mon visage”, y chantet-elle. S’ensuivent des morceaux d’une douce amertume, dotés d’une belle rondeur sonore. “Beaucoup de soul”, commente-t-elle, ce qu’on entend sur Finest Actor, “un zeste de folk”, audible sur NY Man, et “une tasse remplie à ras bord de jazz” est servie dans Jody et Come to the Palisades ! “Si vous aimez pleurer, tout l’album est fait pour vous !”, rajoute-t-elle.

Comme toutes les âmes sensibles, Erin Moran a l’humour caustique. Quant à l’aspect vintage du disque, enregistré à Nashville, il est davantage à trouver du côté de sa voix, celle d’une diva au coeur d’or des sixties, que dans l’orchestrat­ion : “Dès qu’on ajoute des cuivres, on est étiqueté rétro. Or, les cuivres, c’est le passé, le présent, le futur !” L’intemporal­ité, en somme.

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