Le tour de Murat
Depuis 1981, ce stakhanoviste enrichit l’une des discographies les plus riches et fascinantes de l’Hexagone. En voici sept chapitres immanquables.
Suicidez-vous le peuple est mort (1981), 45 tours Né à Chamalières en 1952, Jean-Louis Bergheaud fait ses débuts dans le groupe rock local Clara, avant de se lancer en solitaire. Signé chez Pathé Marconi/EMI, il devient Murat, d’après le nom d’un village auvergnat (Murat-le-Quaire) et d’un personnage historique (Joachim Murat, roi de Naples au XIXe siècle). Illustré par une photo en noir et blanc de Mondino, le 45 tours Suicidez-vous le peuple est mort est une froide ballade synthétique. Incompris et boycotté à la radio, le titre devient culte et révèle une nouvelle voix hexagonale. Cheyenne Autumn (1989) Après les échecs commerciaux de Murat (1982) et Passions privées (1984), le chanteur, désormais signé chez Virgin (le label en vogue de l’époque), enchaîne deux singles radiophoniques, Si je devais manquer de toi et Le garçon qui maudit les filles, qui vont propulser son troisième album vers les sommets. Disque d’or (100 000 ventes) et chef-d’oeuvre absolu, Cheyenne Autumn marque un tournant dans la chanson française, comme si Prefab Sprout chantait dans la langue de Manset. Le Manteau de pluie (1991) Fort du succès public de Cheyenne Autumn et d’un tube multiplatiné en duo avec Mylène Farmer (Regrets), Jean-Louis Murat enchaîne avec un autre disque dans la même veine atmosphérique et spleenétique, multipliant les références géographiques (Col de la Croix-Morand) et résumant son parcours de la peine en un seul morceau : Le Lien défait. Pour l’anecdote, Le Manteau de pluie lui vaut sa première couverture des Inrockuptibles (revue alors bimestrielle). Dolorès (1996) En pleine vague trip-hop, Jean-Louis Murat songe à Nellee Hooper de Soul II Soul comme producteur de son cinquième album. Avec ses complices auvergnats (Christophe Dupouy, Denis Clavaizolle) et après des mois passés au Studio Davout à Paris, il publie son chef-d’oeuvre de la décennie, inspiré par une rupture sentimentale (Fort Alamo, Aimer, A quoi tu rêves) et longtemps mal aimé par son auteur, qui signe pourtant là quelques chansons intemporelles (Le Train bleu, Le Môme éternel). Son adaptation du poème baudelairien Réversibilité en titre conclusif parachève magnifiquement le tableau.