Les Inrockuptibles

AU SOMMET DE LA VAGUE

La ville rayonnait déjà sur la scène internatio­nale pour sa vitalité culturelle. Aujourd’hui, DAKAR entend se faire connaître aussi comme l’un des meilleurs spots de surf pour les amateurs et les profession­nels.

- Jennifer Padjemi TEXTE ET PHOTO

“J’AIMERAIS QUE DAKAR SOIT CONNUE POUR LE SURF, car c’est l’un des rares sports où les meilleurs compétiteu­rs du monde viennent s’entraîner chez nous, grâce à nos bonnes vagues. Il faut que les autorités comprennen­t que le surf est aussi important que la culture”, nous dit sans détour Oumar Seye, vice-président de la fédération sénégalais­e de la discipline, mais, surtout, le premier surfeur local à avoir signé un contrat profession­nel, accompagné par des marques comme Roxy et Rip Curl. Aujourd’hui, il fait partie des piliers qui permettent à ce sport de rayonner dans sa ville, lui insufflant un lifestyle qui attire autant les touristes que les natifs du pays.

Il suffit de se promener sur la corniche des Almadies pour découvrir une ambiance à la Venice Beach ou rappellant la Côte basque. Entre les joggeur·ses élancé·es qui courent au rythme de leur musique, les groupes qui s’activent sur les machines de sport mises à dispositio­n, ou encore les fameux surfeur·ses planches sous le bras, la ville idéalement située à l’extrémité de l’Afrique de l’Ouest, sur une presqu’île, et dont la région compte plus de trois millions d’habitants, n’a rien à envier à ses pendants occidentau­x.

Considérée comme une destinatio­n de choix au sein de l’Afrique francophon­e, Dakar est surtout connue pour sa vivacité culturelle, qui fait d’elle une capitale en plein boom créatif attirant environ 1 500 000 touristes par an, s’imposant sur la scène artistique avec des événements devenus incontourn­ables comme la Biennale de Dakar (Dak’Art), qui va célébrer sa quatorzièm­e édition et ses 30 ans en mai prochain.

L’art, dans cette ville qui bouge, c’est aussi des rendez-vous comme Partcours, Festigraff, Gorée Island Cinéma, la Dakar Fashion Week. Des lieux comme la Maison Ousmane Sow ou les récents Monument de la Renaissanc­e africaine (construit par un studio de Corée du

Nord et qui a fait polémique en raison, entre autres, de son coût faramineux) et le musée des Civilisati­ons noires, inauguré en 2018, contribuen­t à tracer les lignes du patrimoine africain. Ce dernier accueille actuelleme­nt l’exposition itinérante Prête-moi ton rêve et envisage d’étoffer sa programmat­ion avec des rétrospect­ives d’artistes africains et internatio­naux.

Au-delà de ces rendez-vous culturels, il faudra donc compter avec la Coupe du monde de surf, qui a inscrit Dakar comme une étape de la compétitio­n depuis l’année dernière. Les Sénégalais se targuent d’avoir les meilleures vagues du continent, et le documentai­re The Endless Summer, l’a démontré dès 1966 en attirant des surfeurs des quatre coins de la planète. Aujourd’hui, le surf camp Surfer Paradise, à l’image d’Oumar Seye, qui en rêvait depuis qu’il a vu le film Point Break, est devenu un point d’ancrage pour les compétitio­ns internatio­nales. Avec un restaurant, deux magasins et une école, le lieu permet de former des jeunes qui en forment d’autres espérant devenir pro un jour. Au total, six écoles rivalisent dans une ambiance bon enfant, preuve de l’atmosphère familiale qui règne parmi les surfeurs – et les surfeuses, “de plus en plus nombreuses et parfois meilleures”, nous dira-t-on.

Ce niveau d’excellence nécessite beaucoup d’argent, nous confie le trésorier de la fédération, René Pierre Laraise : “Si le Sénégal est plus connu pour l’art, c’est simplement une histoire de moyens.” Et d’évolution, d’après Oumar Seye, qui revient de loin. “Quand j’étais jeune, les parents n’étaient pas fiers d’envoyer leurs enfants surfer, parce que l’image n’était pas du tout positive, que j’ai contribué à changer”, indique-t-il, tout en restant convaincu que Dakar peut devenir une destinatio­n de choix pour les amateurs d’art et de sport.

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