Les Inrockuptibles

Le Fils d’un roi de Cheyenne-Marie Carron

Avec Arnaud Jouan, Aïmen Derriachi, Yann-Joël Collin (Fr., 2019, 2 h)

- Marilou Duponchel

Deux lycéens se découvrent une passion pour la monarchie. Un film au dépouillem­ent faussement naïf sur une jeunesse en quête de sens.

Le Fils d’un roi est un film boiteux mais non dénué d’intérêt. Il retrace la rencontre de deux lycéens dont l’amitié se trouve renforcée par une passion commune pour l’histoire, et tout particuliè­rement pour les systèmes monarchiqu­es. Les ados décident de faire un exposé sur le sujet. L’exercice s’apparente davantage à un manifeste (les garçons militent pour une réhabilita­tion de cet ordre ancien) qu’à une étude objective. Il faut pourtant peut-être voir dans leur engouement, plus que le signe d’une radicalisa­tion ou d’une nostalgie pour les figures autocratiq­ues, un simple jeu d’enfants qui se rêvent en chevaliers.

Les films de Cheyenne-Marie Carron sont habités par des âmes errantes, celles d’une jeunesse perdue prête à s’inventer des vocations pour retrouver un sens souvent caché dans l’invisible du sacré et du mystique. Depuis plus d’une dizaine d’années, la cinéaste scénarise, réalise, produit et distribue elle-même ses films. Cette méthode artisanale et boulimique (onze longs, deux courts et plusieurs projets en préparatio­n) n’est pas toujours féconde et débouche sur pas mal de maladresse­s et d’approximat­ions. Pourtant, à l’intérieur de ce film qui louvoie entre le cheap d’une production télé et la trivialité poétique d’un film de Jean-Claude Brisseau, une envie de cinéma résiste. Demeure alors un objet décousu mais dont l’amateurism­e revendiqué et le dépouillem­ent faussement naïf de sa structure et de son propos ouvrent sur un ailleurs contempora­in plus fin qu’il n’y paraît.

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