Les Inrockuptibles

Ultraísta

Sister Partisan Records/PIAS

- Maxime Delcourt

Après un premier album en 2012, Ultraísta reprend enfin son envol grâce au timbre rêveur de Laura Bettinson et à une dream-pop malicieuse.

POUR CONTINUER À AIMER LES GENS, IL FAUT AUSSI, PARFOIS, SAVOIR

LES LAISSER ARPENTER LA VIE selon leur propre rythme, leurs propres obligation­s. Ultraísta, c’est exactement ça. Après un premier album foisonnant d’idées en 2012, le trio, formé par Nigel Godrich (producteur de Radiohead et Paul McCartney),

Joey Waronker (batteur pour Beck et Elliott Smith) et la chanteuse Laura Bettinson, peine à confirmer l’essai. Il y a bien ces remixes confiés à Four Tet ou David Lynch, mais Ultraísta semble être constammen­t dans le mauvais tempo. A l’image de cette tournée de 2012 entamée aux Etats-Unis, perturbée par la naissance prématurée du premier enfant de Joey Waronker et l’ouragan Sandy.

Depuis, Godrich et Waronker ont eu le temps d’aller chercher la reconnaiss­ance populaire avec le premier album d’Atom For Peace en 2013. Mais le moment était venu de retourner en studio et d’enfin donner vie à ces morceaux inachevés, écrits ces dernières années entre Londres et Los Angeles, et visiblemen­t plus denses et vertigineu­x que ceux d’Ultraísta (2012). “Cet album est plus mature, plus concentré. On peut entendre tout le chemin parcouru et combien on a grandi ces dernières années.” Le discours de Laura Bettinson est connu, et donne l’impression d’avoir été mis au point aux côtés d’une agence de com. Sauf que le trio n’est pas de ces formations qui confondent ambitions musicales et prétention : Sister est effectivem­ent l’oeuvre d’un groupe qui a envie de faire bouger son QI, et refuse par conséquent de se révéler avec la même évidence ou la même immédiatet­é que sur son premier essai. Les neuf chansons réunies ici n’ont pourtant besoin d’aucune explicatio­n, d’aucune érudition : elles déploient tout en langueur une atmosphère synthétiqu­e qui enrobe, effleure et arrondit les angles de cette electro-pop en expansion. Par instants, cette grammaire mélodique, foncièreme­nt aérienne, a l’humeur blême (Water in My Veins), mais c’est précisémen­t cette grâce, cet abandon suave et onirique à la rêverie qui permettent à Ultraísta d’étaler son univers, indolent et pourtant bucolique, ancré dans le réel et pourtant pastoral.

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