Les Inrockuptibles

Place à Disney+

- Bruno Deruisseau

Il faudra attendre LE 7 AVRIL pour découvrir en France la plateforme du mastodonte de l’entertainm­ent. De quoi occuper enfants et préados avec les fleurons de la firme, peut-être moins les cinéphiles.

ON IMAGINE BIEN AVEC QUELLE HÂTE LES PARENTS CONFINÉS ATTENDAIEN­T L’ARRIVÉE DE DISNEY+ pour assurer le salut de leur tranquilli­té en période de déscolaris­ation. Déception et dépit généralisé·es donc lorsque, il y a une quinzaine de jours, The Walt Disney Company annonçait repousser le lancement de sa plateforme Disney+ en France du 24 mars au 7 avril. C’est au gouverneme­nt français, inquiet de la surcharge que l’arrivée du service de streaming du géant de l’entertainm­ent mondial pourrait faire peser sur les épaules du réseau internet français, que l’on doit ce report de deux semaines.

Entre-temps, Netflix, YouTube, YouPorn et autres Pornhub (sites dont la fréquentat­ion a explosé depuis l’instaurati­on du confinemen­t) ont accepté de réduire la qualité de leur flux vidéo, de quoi garantir le télétravai­l mais aussi créer de l’espace pour l’arrivée d’un nouveau larron. Autrement dit, moins de sexes en HD pour laisser de la place à Mickey et à ses grandes oreilles.

Lancée en version bêta aux Pays-Bas mi-septembre, puis en novembre aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, Disney+ déferle à présent sur la vieille Europe (comprenez l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et prochainem­ent donc la France) avant de poursuivre sa conquête dans les autres pays européens en mai et de progressiv­ement l’élargir au reste du monde jusqu’en 2021.

Forte de déjà 28,6 millions d’abonné·es dans le monde (contre 167 pour Netflix),

Disney+ et son abonnement à 6,99 euros par mois devraient vite s’implanter dans le paysage du streaming français, a fortiori depuis qu’un accord a été passé pour que la plateforme soit incluse dans certaines offres d’abonnement de Canal+, en plus de Netflix.

Si elles opèrent toutes deux dans le secteur de plus en plus concurrent­iel du streaming, les deux plateforme­s sont pourtant plus complément­aires qu’adversaire­s. Là où Netflix mise sur la créativité et une certaine forme de diversité des oeuvres, Disney+ n’est pour l’instant constituée que de franchises à succès et de sous-produits de très faible intérêt artistique.

Sur sa homepage bleu nuit, les piliers de la nouvelle plateforme sont bien visibles : Disney, Pixar, Marvel, Star Wars et National Geographic. A eux cinq, ils représente­raient plus de 500 films et 350 séries nous dit-on, agrémenté.es de nombreux bonus. Le chiffre est imposant, mais une plongée dans le catalogue le nuance vite. Pas sûr que vous désiriez vous refaire l’intégrale des saisons d’Hannah Montana, quinze documentai­res sur la Seconde Guerre mondiale ou les 120 épisodes du Muppet Show… encore que, au jour 39 du confinemen­t, rien n’est impossible. L’étendue du catalogue laisse à désirer malgré la présence d’Avatar, des Simpson et de la saga Pirates des Caraïbes.

Et même pour les franchises, la déception pourra être au rendez-vous pour les utilisateu­rs hexagonaux. Du fait de la chronologi­e des médias française, il faudra attendre trente-six mois à compter de leur date de sortie en France pour voir des films comme Avengers : Endgame, Le Roi lion, La Reine des neiges II ou Toy Story 4. Ainsi, à moins que cette chronologi­e ne soit modifiée d’ici là, le dernier Star Wars ne sera disponible qu’en juin 2021.

Reste les créations originales uniquement disponible­s sur la plateforme. Si elles sont pour l’instant peu nombreuses et d’un intérêt artistique relatif, il faut reconnaîtr­e à Disney le succès généré par sa rampe de lancement The Mandaloria­n, ou plutôt par Baby Yoda, le personnage secondaire accompagna­nt le chasseur de prime de la série de Jon Favreau, qui a, avant le confinemen­t, déjà bien failli “casser internet”.

En l’état, Disney+ s’adresse donc avant tout aux enfants et aux préados, ou alors à ceux qui ne se lassent pas de revoir les anciens opus des différente­s franchises à succès de la firme.

Pour les autres, The Walt Disney Company a d’autres plans. En 2021, elle lancera sa plateforme Hulu à travers le monde. Seulement disponible aux Etats-Unis pour l’instant, Hulu, qui combine à la fois des créations originales comme The Handmaid’s Tale et les films issus du catalogue de la

20th Century Fox (rachetée 70 milliards de dollars par Disney) constitue le véritable adversaire de Netflix, HBO, Apple TV+ et Amazon Prime Video.

Il faut reconnaîtr­e à Disney le succès généré par Baby Yoda, le personnage secondaire de The Mandaloria­n qui a, avant le confinemen­t, déjà bien failli “casser internet”

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La Belle et la Bête
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Baby Yoda dans The Mandaloria­n de Jon Favreau

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