Les Inrockuptibles

La cata de Papel

- A. B.

En poussant à l’extrême la tension de son confinemen­t, La Casa de papel gonfle ses muscles au service d’un discours un peu vain. La troisième partie de la série de braquage de la Banque d’Espagne trahissait ses faiblesses : intrigue racoleuse, réalisatio­n hypertroph­iée et enjeu révolution­naire essentiell­ement cosmétique. Après avoir fait libérer “Rio”, ses compagnons avaient ouvert le feu sur la police. Dépliée après ce point de non-retour, la quatrième partie saisit l’équipe en mauvaise posture et concentre ses forces en vue d’un damage control à tous les niveaux. Obnubilée par la répétition paresseuse de ses motifs, La Casa de papel souffre plus que jamais d’une forme indigeste, engluant ses effets dans une bande-son et une voix off envahissan­tes. Une peur du vide qui atteint ici son paroxysme. Difficile, au vu de la situation actuelle, d’éluder le confinemen­t à grande échelle mis en scène par la série, travaillé par les mêmes ressorts que dans le monde réel. Si cette forme permet d’éprouver les rapports qui circulent entre les personnage­s, elle relègue le soustexte politique à l’extrême périphérie du récit. Deux glissement­s, pourtant, parviennen­t à la tendre vers des enjeux plus pertinents. En poussant les braqueurs du côté de la lutte armée, cette quatrième partie éprouve le soutien populaire dont ils bénéficien­t dans la fiction et celui que les spectateur­s leur accordent. Et en sondant un coup d’éclat essentiell­ement motivé par l’amour et la beauté du geste, La Casa de papel pourrait opérer un glissement inattendu vers le mélo criminel et nihiliste. La Casa de papel partie 4 sur Netflix

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