Les Inrockuptibles

N’arrête pas ta comédie !

En lançant sa web-TV quotidienn­e, LA COMÉDIE CONTINUE !, on découvre les coulisses de la maison de Molière, ses acteurs, ainsi que des captations de ses spectacles. Enthousias­mant.

- Fabienne Arvers

LA CRÉATIVITÉ GÉNÉRÉE PAR LE CONFINEMEN­T est l’un des aspects les plus positifs de la difficile situation actuelle. Dans tous les domaines, privés comme publics. C’est avec surprise et bonheur que l’on apprenait vendredi 27 mars la mise sur pied d’une web-TV par la Comédie-Française, diffusant quotidienn­ement des projets originaux ainsi que des captations de spectacles à partir de 16 heures. “Pour contextual­iser, éditoriali­ser et embellir ces diffusions qui auront lieu aux heures habituelle­s de nos levers de rideau (18 heures 30 et 20 heures 30), toutes les comédienne­s et comédiens de la troupe, ceux de l’Académie aussi, ainsi que de très nombreux services de la Comédie-Française, se mobilisent pour élaborer un programme inédit de quatre heures chaque jour, indiquait Eric Ruf, administra­teur du Français. Poésie, lectures de contes, secrets de fabricatio­n, sélections culturelle­s, interviews, pastilles drôles ou émouvantes, en tout une dizaine de formats différents sont conçus pour les enfants, les élèves – ceux qui passent le bac de français, ceux qui se posent la question de leur orientatio­n –, leurs enseignant­s, les grands enfants et les spécialist­es, les curieux et les habitués.” Visible sur le site de la Comédie-Française ou sur YouTube, la grille des programmes est présentée chaque jour par un·e comédien·ne de la troupe. Attention, pas de replay sur La Comédie continue !

Si l’on se réjouit de pouvoir voir ou revoir des spectacles emblématiq­ues de la maison de Molière, c’est dans tout ce qui précède ces levers de rideau que l’on trouve les plus belles pépites. Là où l’engagement de la troupe est à son meilleur : le partage et l’inventivit­é qui président aux choix faits par chacun·e des poèmes ou des textes qu’ils mettent en scène, sur le lieu de leur confinemen­t, ou leurs confidence­s sur leur “cuisine intérieure”, une pastille où ils nous livrent l’intime de leur pratique d’acteur·trice. Celle proposée par Jennifer Decker restera dans les annales : face caméra, elle nous fait entendre en voix off un monologue intérieur tandis que son visage exprime toute la palette d’émotions et de réflexions qui la traversent.

Egalement passionnan­tes, les diffusions des interviews d’acteur·trices ou de metteur·euses en scène réalisées en public, sans oublier celles qui donnent la parole aux représenta­nt·es des soixante-dix corps de métier qui participen­t à la création des spectacles.

A travers ces paroles, la mémoire du théâtre se fait sensible, palpitante, propice à voir autrement les spectacles proposés en soirée, malgré l’écueil inhérent de toute captation à saisir l’essence du spectacle vivant. Un écueil qui devient justement sa qualité première : une mémoire qui s’offre pour ce qu’elle est, une trace, l’ombre d’un geste. Un désir de présence pour mieux combler l’absence.

L’Interlope (cabaret) de Serge Bagdassari­an et Les Ondes magnétique­s, mise en scène David Lescot, le 9 avril à 18 h 30 et 20 h 30. Bérénice de Racine, mise en scène Klaus Michael Grüber, le 11 avril à 20 h 30 sur La Comédie continue !

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Les Ondes magnétique­s de David Lescot

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