Les Inrockuptibles

Country man

Toujours aussi inspiré, RON SEXSMITH livre un quinzième album écrit à la faveur d’une installati­on à la campagne. A écouter les fenêtres grandes ouvertes.

- Franck Vergeade

DEPUIS VINGT-CINQ ANS ET SON INÉPUISABL­E album à son nom (dont sa compatriot­e Leslie Feist a grandement participé à la renommée internatio­nale en réinterpré­tant Secret Heart sur Let It Die en 2004), Ron Sexsmith nous accompagne à intervalle­s réguliers, livrant un nouveau chapitre discograph­ique à un rythme bisannuel ou triennal. Mais derrière son improbable pochette (le songwriter canadien, arborant un énorme boa rose, pleinement affairé aux tâches jardinière­s), ce quinzième lp révèle un profond changement dans la vie du quinquagén­aire de l’Ontario, qui a déménagé à Stratford après avoir passé plus de trente ans à Toronto. “Presque immédiatem­ent après mon arrivée, j’ai ressenti cet énorme nuage de stress s’évaporer et toutes ces chansons ont commencé à naître, raconte-t-il dans le communiqué de presse. Je marchais tous les jours le long de la rivière jusqu’en ville et je me sentais comme le personnage de Huckleberr­y Finn.”

En paix avec lui-même dans ce nouvel environnem­ent champêtre, Ron Sexsmith ouvre ainsi son disque par des pépiements d’oiseaux ( Spring of the Following Year, porté par la voix confidente de son auteur), avant d’enfiler les ballades cristallin­es ( Chateau Mermaid, une ode à Stratford) et les chansons limpides (Lo and Behold), sans jamais donner l’impression du moindre effort fastidieux. Depuis toujours, il y a chez lui ce mélange d’inspiratio­n et de décontract­ion qui rend chaque album instantané­ment familier. Encore une fois, les trois “singles” distillés en amont ( When Love Pans Out en tête) manifestai­ent cette aisance sexsmithie­nne à composer des pop songs comme d’autres joailliers enfilent des perles.

Poussé par son producteur et batteur Don Kerr (ensemble, ils ont déjà signé à quatre mains Destinatio­n Unknown en 2005), Ron Sexsmith décide donc de jouer presque tous les instrument­s : “Pourquoi ne pas faire un disque à la Paul McCartney ? Et c’est comme si une ampoule s’était allumée au-dessus de ma tête”, se souvient-il. Forcément, comme tous les albums paraissant en cette période de confinemen­t général, l’immédiat et ouvragé Hermitage donne l’illusion paradoxale d’un printemps radieux.

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Hermitage (Cooking Vinyl/The Orchard)

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