Les Inrockuptibles

Molécule & Friends

Music for Containmen­t Mille Feuilles Cette compilatio­n au casting impression­nant et conçue pour le présent explore le champ de la musique ambient et celui des possibles.

- F. M.

LA LÉGENDE RACONTE

QUE LA MUSIQUE AMBIENT, ainsi conceptual­isée, a été inventée par un certain Brian Eno dans une chambre d’hôpital au mitan des années 1970. Alité, l’ancien compagnon de route de David Bowie se serait passé un disque de musique pour harpe sur une platine branlante, en écoutant la pluie tomber. Presque cinquante ans après cette épiphanie, le genre bénéficie encore sous nos cieux d’un intérêt qui ne se dément pas, tandis que les modes et les tendances passent et trépassent.

Inspiré par le titre en forme d’invitation au voyage de l’album de ce crâne d’oeuf d’Eno Ambient 1 : Music for Airports – dont nous n’avons pas fini d’explorer le chant (sic) sémantique –, le producteur français Molécule a rassemblé autour de lui une trentaine d’artistes dans un album, Music for Containmen­t.

Document essentiel de l’immobile agitation qui nous traverse (et que nous traversons), ce grand disque à usage méditatif rappelle que, comme dans le théâtre classique, la règle de l’unité de lieu (le confinemen­t, la chambre d’hôpital) est une contrainte d’où peuvent surgir les plus folles épopées, ignorantes de tout autre cadre normatif.

C’est ainsi que Flavien Berger peut se fendre d’une pièce musicale longue de 29 minutes et 28 secondes, dont il

évoquait la nécessité et la naissance dans un message posté sur ses réseaux : “Et si la musique que je fais peut apaiser, un temps, celui qui l’écoute, alors c’est là que j’aimerais me positionne­r. (…) C’est une promenade d’hiver avec ma mère, il y a du field recording maladroit et une tentative de musique ambient d’une région inventée, un refuge qui se construit peu à peu, une aire réconforta­nte.”

Au générique de cette nouvelle collection de thèmes dont tous les bénéfices iront droit dans les poches de la Fondation de France, on croise aussi la route de Dominique Dalcan, de deux Bertrand (Belin et Burgalat), mais aussi Arthur H, Petit Fantôme, Yan Wagner, Requin Chagrin ; ou encore Rone, Malik Djoudi, Apollo Noir, les Etienne Jaumet et de Crécy, et Rebeka Warrior.

Si le label Tigersushi, à travers ses compilatio­ns Musique ambiante française, avait déjà braqué les projecteur­s sur la polysémie d’un terme dont on a bien du mal à définir les contours, Molécule et sa clique d’expériment­ateurs lui confèrent une certaine forme d’urgence punk (son côté DIY) et populaire (cette sensation que n’importe qui possédant des outils rudimentai­res de compositio­n pourrait en faire autant). Et en profite pour élargir encore un peu plus le panorama des possibles.

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Rebeka Warrior
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