Les Inrockuptibles

Selah and the Spades de Tayarisha Poe

Avec Lovie Simone, Jharrel Jerome, Celeste O’Connor (E.-U., 2019, 1 h 37)

- B. D.

Sur Amazon Prime Video à partir du 17 avril

Une jeunesse américaine cruelle et désenchant­ée dans ce premier long métrage très léché.

Premier long métrage de la jeune réalisatri­ce américaine Tayarisha Poe, Selah and the Spades a pour cadre le campus verdoyant d’un lycée préparatoi­re pour rich kids de Pennsylvan­ie. Dans une exposition qui rappelle très fortement les procédés de mise en scène des films de Wes Anderson, on nous apprend que les élèves sont répartis en cinq clans clandestin­s, chacun responsabl­e d’un domaine de la vie estudianti­ne.

On suit plus particuliè­rement Selah, une jeune femme perfection­niste, émancipée mais pleine de craintes sur son avenir post-prépa et surtout patronne de Spades, faction responsabl­e de l’approvisio­nnement et de la vente de drogues et d’alcool sur le campus. Au moment où débute le film, elle entre dans sa dernière année et doit trouver son ou sa remplaçant·e.

Ce personnage de baronne de la drogue en tenue de pom-pom girl fait de Selah and the Spades un amusant croisement entre

Le Parrain, Harry Potter et Le Cercle des poètes disparus. Pépite indie remarquée à Sundance l’an dernier et achetée par Amazon dans la foulée, le film est stylisé à l’extrême. Mais sa fantaisie formelle un peu tape à l’oeil n’est qu’un coup de gloss passé sur une jeunesse dont on sent bien les angoisses existentie­lles et l’âpre désenchant­ement. Dans l’auscultati­on de cette jeunesse froidement cruelle et pessimiste, Selah and the Spades s’inscrit dans un imaginaire déjà fixé par les séries, récemment avec 13 Reasons Why ou Euphoria.

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