Duo d’enfer
La saison 3 de Killing Eve est toujours rythmée et pop, mais la mécanique tourne à vide malgré ses deux actrices. L’ambiance est étrange quand on retrouve Eve (Sandra Oh) et Villanelle (Jodie Comer) éparpillées à travers l’Europe après un affrontement quasiment à mort dans la saison précédente. Etrange, car quelque chose en nous se fiche un peu de ce qui a bien pu leur arriver – et pire, de ce qui pourrait leur arriver.
Killing Eve a connu une saison brillante, la première, avant le départ de sa créatrice Phoebe WallerBridge, occupée à façonner la deuxième partie de Fleabag. La suite avait commencé à lasser. Au vu des débuts branlants de cette troisième saison (avec un nouveau changement dans la direction d’écriture), nous nous trouvons devant un cas finalement typique : quand la voix créative principale d’une série se fait la malle, celle-ci devient parfois l’ombre d’elle-même, une sorte de fantôme désincarné. Le plus compliqué, c’est qu’il n’y a rien de vraiment mauvais dans ce retour, que l’on peut même trouver rythmé, rigolo, provocant. Mais la mécanique de Killing Eve tourne maintenant largement à vide. Ce qui était une série d’espionnage pop et féministe est devenu une mécanique presque commune. Ce qu’il reste, ce sont les comédiennes, toujours brillantes et inventives, malgré une histoire qui leur laisse peu de liberté. Jodie Comer et Sandra Oh ne se croisent pas dans les premiers épisodes, et c’est à peu près tout ce qui nous pousse à attendre la suite : leurs retrouvailles sont toujours explosives.
Killing Eve saison 3 sur Canal+ Séries à partir du 15 avril