Dominique Gonzalez-Foerster
La vidéaste a mis en scène le concert à l’Olympia de Christophe en 2002 et travaillé sur la version DVD du spectacle.
“Quand démarre un échange profond de mots, d’images et de regards… On ne sait jamais comment cela va se finir…
Sans réfléchir, on ajoute une balle sensible au revolver du coeur, un genre de roulette fatale – alors, pendant des années, on expérimente ensemble, on rêve, on délire, on va loin, très loin et on oublie… un jour la balle arrive… jamais perdue.
Flash-black. Le 2 janvier 2002 à 8 heures du matin, je reçois le plus bel appel téléphonique de la Terre penchée, la voix de Christophe, celle du chanteur des Mots bleus, qui propose de se voir et de penser des images pour son concert à l’Olympia. On s’est d’abord rencontrés en décembre pour une interview croisée au Palais de Tokyo avec Ange Leccia, tous les trois assis sur un tapis violet-psyché. Et on s’est intensément plu.
Il nous fait illico basculer dans un monde parallèle, la trajectoire est changée pour toujours, comme un flipper Sunset, la balle va rebondir sans fin et exploser le score !
Combien de nuits mauves, de repas chinois, de textos-trésors, de sound-check uniques, de visionnages telluriques et de rencontres Big-Bang toujours en cascade…
Christophe Van Huffel, Laurent Castanié, Chloé Mons, Alain Poisson, Doudou et Roudoudou… Séances de recherches jusqu’au petit matin, conversations téléphoniques sans limite à superposer des idées, la phrase fatale étant ‘ouais, tout est possible’ comprendre : en fait c’est pas cela du tout…
Le concert devient tournage, tournée, bonus et DVD. On peut plus se séparer. Avec Ange et Patricia dans les locaux de Camera Lucida, on passe des heures à visionner, à la recherche des perles noires et des fétiches secrets à démonter et remonter encore les images et les sons avec lui.
Grâce à lui aussi, la rencontre avec Alain Bashung, La Tournée des grands espaces et en septembre 2004 une chose totalement inouïe, ils disent OUI tous les deux à un concert pour la réouverture de la Maison de la culture de Grenoble.
Ils vont chanter ensemble et les Mots bleus deviennent roses et l’Angora s’Alcaline… celle qui les écoutait adolescente sur Radio Insomnie n’en revient toujours pas. Comme un cadeau inoubliable, le flipper bippe et rutile plus que jamais…
En 2007, exposition au musée d’Art moderne de la ville de Paris, l’extraordinaire salle de la Fée Electricité peine à contenir l’excitation et la magie d’un concert-happening unique où Christophe en artiste total envoûte avec les mots, les sons, les images et les grandes émotions.
A Montparnasse, il est le gardien du phare des fréquences nocturnes et de la création invincible. Scrutant sans fin l’horizon violet et satiné des vaisseaux-chansons qui ‘cruisent’ l’hyperespace. Il observe l’art, la photographie, le cinéma, la littérature et les formes musicales avec la même adoration. On va chez lui, il découpe des T-shirts pour la scène, déguste un Yop, fait son home-cinéma, se régale d’un dialogue, d’une lampe chinée, d’une ombre lumineuse et d’un livre caché.
Il me demande des textes pour des nouvelles chansons… J’écris, je tente, je lui envoie… Il répond, ajoute quelques phrases… J’oublie… les années passent, l’envie de chanter monte.
Les textes ressortent comme par magie… 2018, Exotourisme au Silencio, projet musical avec Perez,
Chansons… Des Ombres et des Poussières, avec à la fin : des mots bien à lui :
Ou bien... Entre déclic et des claques, le clash – flash.
Essayer toutes les combinaisons com’pour ouvrir un coffre fort ?
Depuis une dizaine de jours, comme une prière sauvage et un voeu désespéré, j’écoutais sa reprise essentielle de
La Non-Demande en mariage, et aussi Je suis parti…
Et puis la balle est arrivée, droit au coeur, touchée…”