Jeanne Added

La chanteuse l’a rencontré à ses débuts et, récemment, a interprété un titre sur le deuxième volume de Christophe etc.

“La première fois que je l’ai rencontré, c’était il y a dix ans, le 14 juillet 2010, à l’occasion d’un grand bal populaire organisé par Rodolphe Burger dans le cadre du Festival d’Avignon. Il y avait Higelin, Eicher. J’étais inconnue au bataillon. Je faisais partie du groupe qui accompagnait. Christophe avait été absolument charmant, convaincu du fait que ça allait fonctionner pour moi. Comme c’était le début, que je commençais à faire mes histoires, ça m’avait fait du bien d’entendre ça. Ils avaient chanté ses plus grands succès : Aline, Les Mots bleus, Señorita… J’ai compris à ce moment-là ce que la musique populaire pouvait avoir de beau. Il devait y avoir

15 000 personnes sur le parvis du Palais des Papes et ces chansons faisaient partie de la vie de tout le monde, inscrites dans les os et la chair.

Christophe, il écoutait tout ce qui se faisait ! Pas un truc n’est sorti ces trente dernières années qu’il n’ait entendu. C’était un digger. Il avait accroché avec l’aspect synthétique de ma musique. Sur Christophe etc., j’avais envie de chanter Un peu menteur, mais elle était déjà prise. Il m’a proposé

La Petite Fille du 3e. Je me suis donc retrouvée un soir au Studio Motorbass à chanter cette étrange chanson. Ce n’était pas son morceau préféré du disque je crois. Il était étonné que les gens adhèrent (rires). J’aime les relectures qu’il a faites de ses morceaux au piano-voix. Ce que j’apprécie chez lui, c’est qu’il y a quelque chose de l’ordre de l’esquisse. Ça ne veut pas dire que ce n’est pas fini, mais tout n’est pas dévoilé. C’est une qualité qui se perd vraiment en ce moment. On donne toutes les clés tout de suite pour tout. Le mystère qu’il peut y avoir dans sa voix, dans sa façon de jouer du piano est quelque chose qui tend à disparaître. Il a eu d’énormes succès et il a fait le choix de faire autre chose derrière, de partir dans un truc de recherches, de travailler le son, les machines. Il voyait de la poésie dans les machines, c’est évident. C’est inspirant de rester à la marge tout en restant un peu au centre. J’aime beaucoup Comm’si la terre penchait. Sa disparition est très triste... Ça serre.”