Les Inrockuptibles

Rest in pixels

- A. B.

Un paradis numérique est troublé par ses dérives néolibéral­es. Malgré son potentiel critique et émotionnel, Upload se noie dans un humour vaseux. Lorsque Nathan, un play-boy prétentieu­x, meurt dans un accident de voiture, son esprit est téléchargé dans une simulation censée l’accueillir pour l’éternité. Coincé dans un hôtel de luxe ringard peuplé de pensionnai­res rasoir, il fait la connaissan­ce de Nora, programmeu­se chargée de la gestion de son séjour depuis le monde des vivants.

Semée dans le même terreau d’anticipati­on que Black Mirror et cultivée comme une variation comique autour de son épisode San Junipero, Upload s’amuse

– ou plutôt s’inquiète – à envisager l’au-delà comme la réalisatio­n ultime du fantasme néolibéral. Tout en accès réservés, contenus premium à débloquer et surveillan­ce omniscient­e, les contours trop lisses de la prison mentale de Nathan se troublent d’une porosité à un réel déjà vicié. Aux manettes de cette fable grinçante, Greg Daniels, auteur de l’adaptation américaine de The Office, noie hélas sa verve satirique dans une succession de gags vaseux et peine à accorder le cabotinage de ses comédiens au potentiel métaphysiq­ue de son récit. Il est d’autant plus regrettabl­e que cet abattage mécanique en comprime le coeur émotionnel, qui fait battre à l’unisson deux âmes esseulées, par-delà la mort et les pixels.

Upload sur Amazon Prime Video à partir du 1er mai

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