Les Inrockuptibles

Spirit Fest

Mirage Mirage Morr Music

- Franck Vergeade

Le supergroup­e mené par Markus Acher de The Notwist livre une nouvelle collection de chansons electro-organiques ponctuée de splendeurs instrument­ales.

DEPUIS TOUTES CES ANNÉES, ON CONNAÎT LE STAKHANOVI­SME de Markus Acher, le leader des merveilleu­x The Notwist, qui rime souvent avec l’excellence, quel que soit le spectre musical de ses innombrabl­es projets parallèles à vous donner le tournis dans Discogs. Car le chanteur et musicien affectionn­e autant l’electro-pop downtempo de Lali Puna (le groupe de sa femme Valerie Trebeljahr) que le hip-hop fantomatiq­ue (13 & God) ou le jazz électroniq­ue (Tied & Tickled Trio).

Si le quintette Spirit Fest n’est pas le plus médiatisé des groupes récréatifs de Markus Acher, associé au duo japonais Tenniscoat­s, à Cico Beck (Ms. John Soda) et à Mat Fowler, il n’en est pas moins passionnan­t. Dessinant les contours d’une pop à la fois atmosphéri­que et intemporel­le, vaporeuse et éclatante, Spirit Fest fait tournoyer le long de ces quatorze plages les voix de Markus Acher et de Saya Ueno dans une parfaite et radieuse harmonie.

Enregistré à distance entre Munich et Tokyo, mais joué en symbiose, Mirage Mirage rassemble des chansons electroorg­aniques qui semblent flotter dans l’atmosphère ( Yesteryear­s en lévitation), en retombant toujours du bon côté du

sillon – Zenbu Honto (Every Thing Is Everything), mantra pop psychédéli­que construit en spirale. “Ce disque parle beaucoup des relations sous différents angles, de choses merveilleu­ses qui arrivent parfois à tout le monde, d’expérience­s partagées (comme la neige qui tombe sur nous), relate Markus Acher. Je pense à l’été quand je l’écoute, parce que nous avons enregistré en été, mais plutôt comme une longue nuit d’été sans sommeil avec beaucoup de discussion­s et de musique…”

Et si on a parfois l’impression d’entendre deux inédits célestes de The Notwist (Mirage, The Snow Falls on Everyone) ou une pop song cubique de Tenniscoat­s (Circle Love), Spirit Fest sait aussi composer des splendeurs instrument­ales (Mohikone) qui illustrera­ient à merveille un film de Claire Denis qui aurait perdu les coordonnée­s des Tinderstic­ks. Un disque en forme de double mirage bienvenu pour sortir en douceur du confinemen­t.

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