Matière à réflexion
L’histoire du mouvement indépendantiste au PAYS BASQUE, penser un monde plus ÉCOLO et lutter contre les INÉGALITÉS SALARIALES : trois conseils médias.
PAYS BASQUE ET LIBERTÉ Trop longtemps, le conflit entre les indépendantistes basques et les Etats espagnol et français n’a été relaté qu’à travers de sommaires bulletins d’information télévisés – entre attentats, répression et laborieux processus de paix –, privant souvent de parole les protagonistes. A tel point qu’on en avait presque oublié la signification de l’acronyme ETA : Euskadi Ta Askatasuna, c’est-à-dire “Pays basque et liberté”. Pour comprendre l’histoire de cette organisation née en 1959, qui a livré un conflit armé incroyablement long jusqu’à sa dissolution en mai 2018, le réalisateur Thomas Lacoste a patiemment réuni de nombreux témoignages d’acteurs basques et internationaux. Pour rendre compte avec le plus de justesse possible de cette histoire qui plonge ses racines dans la résistance au franquisme, il donne la parole, dans Pays basque et liberté (disponible sur France 3 en replay), à Eugenio Etxebeste, dit Antton, membre historique d’ETA, à Anaiz Funosas, fondatrice du mouvement civil Le Chemin de la paix, à Pierre Joxe, ancien ministre de l’Intérieur, au magistrat Serge Portelli, ou encore à Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux. Avec des images d’archives exclusives, le film permet enfin d’avoir une vision d’ensemble du conflit, d’en connaître les motifs, et de mettre en lumière les responsabilités partagées de l’ETA et des Etats, loin des caricatures.
Pays basque et liberté de Thomas Lacoste sur na.france3.fr, replay de l’émission
La France en vrai
SOCIALTER
En pleine période de réflexion générale sur “le monde d’après”, Socialter frappe un grand coup avec son dernier numéromanifeste, exclusivement numérique (pour cause de fermeture du réseau de distribution), éloquemment intitulé “Pour un tournant radical”.
Alors que nous partageons tous·tes le sentiment d’être à l’aube d’une nouvelle ère, dont la nature dépendra des choix
Le 20 octobre 2011, l’ETA annonce la fin de la lutte armée. Extrait de Pays basque et liberté de société que nous allons faire dans l’immédiat, le “média des transitions” publie dix-huit de ses entretiens les plus marquants avec une constellation de penseur·euses “hétérodoxes” tel·les que Pablo Servigne, Jean-Marc Jancovici, Emilie Hache, Hartmut Rosa ou encore Julia Cagé.
Ils et elles dessinent les contours d’un monde nouveau plus écolo, juste et démocratique, dont il ne tient qu’à nous d’accélérer l’avènement. Mais, surtout, c’est à Socialter que l’écrivain de sciencefiction Alain Damasio – rédacteur en chef invité du dernier hors-série de Socialter sur “le réveil des imaginaires” – a choisi de confier un texte dense : “Coronavigation en air trouble”.
Dans cette contribution, l’auteur des Furtifs (La Volte, 2019) fait un pas de côté pour chercher à comprendre comment notre attention a soudain été aspirée entièrement par cette crise.
Car un tel temps d’arrêt pourrait aussi servir, à l’avenir, à expérimenter une tout autre manière de vivre, où la “croissance” aurait un sens nouveau : “croissance de nos disponibilités, de notre attention aux autres, de nos bienveillances mutuelles, (...) poussée du réensauvagement de nos espaces trop urbanisés”. A lire d’urgence.
Socialter “Pour un tournant radical”
152 p., 10 €, disponible sur okPal.com/tournantradical Hors-série Socialter en kiosque et librairie depuis le 10 mars, 196 p., 19 €
CASH INVESTIGATION
Nous sommes en 2020, et pourtant l’égalité salariale entre les femmes et les hommes semble encore relever de l’utopie. Selon les données de l’Insee, les hommes gagnent en moyenne 22,8 % de plus. La grossesse continue d’impacter la courbe de salaire des femmes et rares sont celles qui parviennent à briser ce fameux plafond de verre. Parmi les 120 plus grandes entreprises françaises, seules 9 sont dirigées par des femmes. Et ce alors qu’elles sont en moyenne plus diplômées. Une énorme injustice sexiste à laquelle a choisi de s’attaquer Cash Investigation (France 2) dans un sujet fort, qu’il est urgent de remettre sur le devant de la scène. D’autant plus à l’heure où ce sont elles – ces infirmières, ces aides-soignantes, ces caissières, ces aides à domicile – qui sont en première ligne depuis le début de la crise sanitaire que nous traversons. Ces métiers dits à prédominance féminine et qui souffrent d’une dévalorisation salariale. Sur le podium des inégalités salariales, un domaine se distingue davantage : le secteur bancaire, avec 36 % d’écart de salaire. Les équipes de Cash Investigation ont enquêté pendant plusieurs mois sur des banques afin de comprendre pourquoi ces injustices ont encore la peau si dure. Résultat : en 2018, la Caisse d’Epargne aurait économisé 2,6 millions d’euros au détriment des femmes. Et pour combler toutes les inégalités salariales chez Natixis, il faudrait au moins 16 millions d’euros. Et ceci uniquement pour l’année 2018… Au-delà de ces inégalités, les remarques dégradantes et humiliantes envers les femmes fusent dans les bureaux. D’anciennes salariées du monde de la finance témoignent d’une ambiance toxique effrayante, où les femmes sont surnommées “les pondeuses”. “Suceuses de bites ?”, “On pensait faire un moule de ta poitrine”... Ces mots, Lydia, tradeuse chez Natixis de 2008 à 2015, les a reçus par mail de la part de son supérieur. Tandis que ses collègues hommes, eux, recevaient des bonus cinq fois plus élevés que les siens et que son unique autre collègue femme... Alors, que faire pour lutter ? Au Québec, les inégalités salariales semblent avoir disparu et les métiers supposés “féminins” ont considérablement été réévalués. Et si notre gouvernement allait y faire une petite visite ?
Cash Investigation sur France 2 le 19 mai à 21 h