A tort ou à raison ?

La dernière saison de 13 Reasons Why prend la forme d’un chemin de croix sans intérêt mais parvient à soigner ses adieux.

EST-CE QU’ON S’EST FAIT AVOIR PAR “13 REASONS WHY” ? Pas tant à la manipulation mais au charme de la rencontre, comme celles qui se nouent aux premiers jours de l’école et qu’on s’efforce d’entretenir, plus par bonne conscience que par désir sincère ? Ou est-ce une fidélité réelle qui nous a poussé·es à l’accompagner jusqu’au bout, comme on soutient ses ami·es malgré les heurts et les déceptions ?

Nouée autour du suicide d’Hannah Baker, la première saison approchait avec justesse les vibrations intimes du vécu adolescent. La seconde parvenait à mettre en scène la circulation de la parole des victimes mais péchait par excès de didactisme. Construite comme un whodunit criminel, la troisième assimilait entièrement les figures à leurs traumas respectifs et oubliait de les regarder dans leur complexité.

En éprouvant la cohésion de son groupe de personnages liés par un terrible secret, la quatrième et dernière saison de la série semble intégrer notre rapport à elle : à quoi bon jouer le jeu quand l’ivresse a disparu ? La gueule de bois est sévère et les remèdes mal indiqués : acharnement dramatique, mélange des genres mal dosé et pédagogie infantilisante − des messages d’avertissement aux séances de psy, les scénaristes cochent toutes les cases du tract de sensibilisation pour ados, mais en perdent l’énergie dans ses marges.

Le lycée s’achève, et la série avec elle. On pense être vacciné·es et le virus nous saisit à nouveau, à la faveur d’un dernier drame. Il aura fallu quatre saisons pour qu’on regarde enfin la mort en face, sans artifice ni secret, à hauteur d’ados devenu·es jeunes adultes. L’émotion contenue reflue comme un torrent, puis un rayon de lumière apparaît. Même si on les a perdu·es en route, Clay, Jessica, Justin et les autres auront compté : les larmes ne mentent pas, et on leur souhaite un peu de sérénité.

13 Reasons Why saison 4 sur Netflix