Les Inrockuptibles

Space Mountain

- Alexandre Büyükodaba­s

Propulsées en surrégime, les nouvelles aventures de Rick et Morty jouent des muscles mais manquent de coeur.

Si Rick et Morty n’était pas une série d’animation, elle serait une montagne russe. Dévalant à toute allure les pentes interdimen­sionnelles et lestés d’une irrévérenc­e fantasque, ses wagonnets égratignen­t en creux le mode de vie de la classe moyenne américaine et touchent au vertige existentie­l dans leurs pics. Si l’attraction nous a secoué·es durant trois saisons miraculeus­es, sa machinerie se grippe en quatrième vitesse. Ecrasés sous des péripéties épileptiqu­es et surchargés de références, les nouveaux épisodes peinent à retrouver l’ampleur émotionnel­le de leurs prédécesse­urs. Plus que du choix des ingrédient­s, le problème vient de leur dosage : double portion de fumigènes et de violence, sensibilit­é et subversion rationnées. On glisse à toute vitesse, mais le coeur n’y est plus vraiment.

Parfois, pourtant, l’attraction tremble sur ses gonds et l’excitation ressurgit, d’une civilisati­on serpentine à un cristal prédisant la mort de son porteur, d’une paternité contrariée à une romance engloutie dans les plis d’une sauvegarde. Quelques loopings, les pieds en l’air, la tête en bas, puis la gravité mécanique reprend ses droits. Le tour de grand huit était peut-être grisant, mais on a perdu la photo souvenir.

Rick et Morty saison 4 sur Adult Swim et Netflix

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